Quatre ans jour pour jour après son succès d'étape dans la station d'Aprica, l'Italien Ivan Basso a pris vendredi les commandes du Giro après une démonstration de force dans la 19e étape, à deux jours de l'arrivée de l'épreuve.

Deuxième dans le sillage de son compatriote Michele Scarponi, Basso a dépossédé David Arroyo du maillot rose que l'Espagnol portait depuis samedi dernier. Il a aussi distancé ses autres adversaires à la fin de cette dure étape de 195 kilomètres qui franchisait le Mortirolo.

«On savait que la différence ne se ferait ni dans la montée du Mortirolo ni dans la descente mais ensuite, sur les dix derniers kilomètres de la remontée vers Aprica», a souligné le Varésan qui s'est félicité du choix tactique de jouer groupé avec son coéquipier Vincenzo Nibali.

De fait, sur les pentes humides du Mortirolo (12,8 km à 10,1%), Basso a accompli l'essentiel du travail. Il n'a gardé avec lui que Nibali et Scarponi après avoir vu Arroyo lâcher prise dès le deuxième kilomètre de l'ascension.

Malgré toute son énergie, le champion du monde, l'Australien Cadel Evans, a cédé à son tour à 7,5 kilomètres du sommet que le trio de tête a franchi avec 55 secondes d'avance sur le Kazakh Alexandre Vinokourov.

Evans, pointé à 1 min 43 sec derrière un duo formé de l'Espagnol Carlos Sastre et du grimpeur français John Gadret, voyait déjà ses espérances roses s'évanouir dans la froidure - 8 degrés à peine - du col, à 33 kilomètres de l'arrivée.

Scarponi «loyal»

Contre toute attente, Arroyo allait gommer une grande partie de son retard (1 min 55 sec) dans la descente et se rapprocher à 40 secondes seulement de Basso et de ses compagnons. «Mais une descente rapide demande une grosse dépense d'énergie», a rappelé Basso, abrité pour sa part dans le sillage de Nibali, le meilleur descendeur du peloton.

Arroyo, qui avait trouvé de l'aide dans l'ascension du Mortirolo (Uran, Ardila), s'est retrouvé plus ou moins esseulé sur les longs faux-plats montant vers Aprica. Vinokourov a roulé par moments mais ses autres compagnons (Gadret, Sastre, Evans) ont payé leurs efforts quand, à l'avant, Basso haussait encore le rythme.

Distancé de 1 min 06 sec aux 10 kilomètres, Arroyo a perdu deux minutes supplémentaires à l'arrivée. Il s'est retrouvé ainsi à 51 secondes de Basso au classement général, à la veille de la dernière étape de montagne.

Scarponi, qui a été remercié par Basso pour son comportement «loyal» dans l'échappée, s'est rapproché du podium (4e). Par coïncidence, l'autre vainqueur du jour a pour point commun avec Basso d'avoir été lui aussi emporté par le tourbillon de l'affaire de dopage Puerto, déclenchée en 2006, et d'avoir été suspendu.

«En ce moment, je ne veux pas penser à ce qui s'est passé depuis quatre ans. Je préfère me concentrer sur le présent», a déclaré Basso, qui doit encore négocier samedi les derniers cols pour rejoindre le Passo Tonale.

À cause de la neige, le parcours initial de cette étape (par la Forcola di Livigno et surtout le Gavia) est menacé. Une décision définitive doit être prise samedi matin mais, a promis le directeur du Giro Angelo Zomegnan, les plans alternatifs présentent un dénivelé altimétrique à peine inférieur (4200 m au total contre 4500 m).