L'Américain Lance Armstrong a rejeté jeudi les accusations de dopage de son ancien coéquipier Floyd Landis, dont les aveux dans la presse ont entraîné une flopée de dénégations.

Landis, déchu de sa victoire dans le Tour de France 2006 pour un contrôle positif qu'il a nié pendant près de quatre ans, a avoué mercredi avoir eu recours au dopage durant l'essentiel de sa carrière.

Il a envoyé une série de courriels à des institutions cyclistes et antidopage impliquant notamment Armstrong, avec lequel il a couru chez US Postal (2002-2004), leur directeur sportif d'alors Johan Bruyneel, l'encadrement de l'équipe Phonak (2005-2006), des coureurs américains de premier plan comme Hincapie, Leipheimer et Zabriskie, mais aussi l'ancien président de la Fédération internationale (UCI) Hein Verbruggen.

Dans un courriel, il écrit: «(Armstrong) et moi avons eu de longues discussions (...) pendant lesquelles il m'expliquait l'évolution des tests contre l'EPO qui rendait du coup nécessaire les transfusions (sanguines)».

Landis a précisé n'avoir aucune preuve pour étayer ses accusations.

«C'est sa parole contre la nôtre», a indiqué Armstrong à Visalia peu avant le départ de la cinquième étape du Tour de Californie.

«Ces allégations ne valent même pas la peine de développer. Je ne vais pas gaspiller mon temps ou le vôtre», a ajouté le septuple vainqueur du Tour de France, avec à ses côtés Johan Bruyneel, son directeur sportif à RadioShack.

Peu après, le Texan a été victime d'une chute en course et a été contraint d'abandonner le Tour de Californie, qui lui sert de préparation au Tour de France (3-25 juillet).Hincapie «déçu»

La réaction la plus vigoureuse est venue de l'UCI, qui parle d'une «nouvelle tentative de nuire à l'image du cyclisme».

Dans un communiqué, elle a rejeté «catégoriquement les accusations de M. Floyd Landis, concernant notamment un présumé résultat positif de Lance Armstrong lors du Tour de Suisse 2002 qui aurait été maintenu secret suite à un accord passé entre le coureur américain, son directeur sportif M. Johan Bruyneel et l'ancien président de l'UCI, M. Hein Verbruggen».

L'UCI a rappelé qu'Armstrong n'a pas participé au Tour de Suisse en 2002.

Son président a été plus direct au micro de la BBC: «Ce gars (Landis) veut sa revanche. C'est triste. Il a déjà fait de telles accusations sans preuve par le passé. Je dois m'interroger sur sa crédibilité. Il n'a pas de preuves.»

Hincapie s'est dit «vraiment déçu d'entendre ces accusations»: «Je suis professionnel depuis 17 ans, j'ai une des carrière les plus longues du peloton pendant laquelle j'ai gagné le respect de mes pairs par mon travail et mon honnêteté».

Landis ne «culpabilise pas»

Dans un communiqué, le patron de la Fédération américaine Steve Johnson a précisé que «USA Cycling ne fera pas de commentaires» sur ces accusations. «Nous sommes persuadés qu'elles seront l'objet d'une enquête approfondie par les autorités concernées» (l'Agence antidopage américaine, USADA).

John Fahey, président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), a indiqué qu'il allait se rapprocher de l'USADA pour «faire toute la lumière sur les questions soulevées» par Landis.

L'Américain a expliqué ses révélations tardives par le besoin de «laver sa conscience». «Je ne culpabilise pas de m'être dopé», a indiqué Landis, qui dit avoir commis des «erreurs de jugement».

Il a reconnu avoir utilisé de l'EPO, de l'hormone de croissance, des transfusions sanguines et des hormones féminines chez US Postal et Phonak.

Landis, 34 ans, a mené une bataille juridique de deux ans pour récupérer la victoire dans le Tour 2006, qui lui aurait coûté deux millions de dollars et l'a laissé ruiné. En 2008, le Tribunal arbitral du sport (TAS) lui a finalement donné tort et il a été suspendu deux ans.

Landis a recouru en février 2009 avec la modeste équipe OUCH. Son retour a été un échec. Il a rejoint dernièrement une formation de l'échelon continental (3e division), Bahati Foundation.