Le passeport biologique créé par l'Union cycliste internationale (UCI) va s'enrichir de nouvelles données, ce qui devrait permettre d'augmenter le nombre des coureurs suspectés de dopage.

Francesca Rossi, la nouvelle patronne de l'antidopage au sein de l'UCI, affirme qu'un profil stéroïdien sera ajouté la saison prochaine à l'actuel profil sanguin.

«C'est le début de l'aventure, a déclaré Rossi mercredi lors d'une interview avec The Associated Press. Je suis certaine que la procédure s'améliore et que nous allons être plus rapides pour révéler un cas.»

Sur la base d'un profil sanguin anormal, trois coureurs sont suspectés de dopage depuis lundi, dont l'Italien Franco Pellizotti, le meilleur grimpeur du Tour de France 2009. En juin dernier, cinq coureurs avaient été les premiers à présenter des profils physiologiques divergents de ceux contenus dans leur passeport biologique. L'UCI a lancé le passeport biologique le 1er janvier 2008.

Des formations cyclistes qui ont participé financièrement à la facture de six millions d'euros concernant l'établissement du passeport biologique ont émis des critiques, souhaitant que plus de coureurs et davantage de «gros bras» soient pris dans les nasses de ce filet.

Rossi répond que d'autres cas devraient apparaître, et que la révélation des trois noms lundi n'implique pas que les 850 coureurs soumis au passeport dans les différentes disciplines du cyclisme, puissent s'estimer désormais hors d'atteinte pour le reste de la saison.

«Nous aurons de nouveaux cas, mais je ne peux pas vous dire quand, a-t-elle indiqué lors de cet entretien effectuée dans les locaux de l'UCI. Nous testons continuellement les coureurs (sous le contrôle) des experts. Quand statistiquement le cas est solide, alors nous pouvons poursuivre.»

Rossi a hérité d'un projet établi par son prédécesseur au poste, l'Australienne Anne Gripper, en partenariat avec l'Agence mondiale antidopage (AMA).

La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), l'employeur précédent de Rossi, et la Fédération internationale de football (FIFA) figurent parmi les sports qui veulent s'inspirer du cyclisme pour lancer leur propre programme de profilage sanguin.

Rossi va devoir surveiller la validité juridique du passeport biologique en cas d'appel par les coureurs des suspensions infligées par leurs fédérations.

«Avant, il s'agissait d'un nouveau bébé permettant de mettre en application la procédure scientifique: maintenant c'est un nouveau bébé pour lancer une procédure», dit-elle.

Rossi a rejoint l'UCI en février.

«Pour moi c'est un rêve. D'un point de vue scientifique, je peux expérimenter des tas d'idées et de projets.»

Rossi a travaillé au laboratoire de lutte contre le dopage de Rome, accrédité par l'AMA, où elle était directrice adjointe. Elle a supervisé les contrôles effectués lors des Jeux olympiques de 2006, à Turin.

En tant que membre du comité d'experts des laboratoires de l'AMA, Rossi a participé au développement du profilage stéroïdien, une arme essentielle dans ce que le président de l'UCI, Pat McQuaid, a qualifié de «lutte sans fin» contre le dopage.

Ce comité espère publier des directives techniques cette année qui informeront les fédérations sportives et les laboratoires de la façon de collecter, transporter et tester les échantillons d'urine et analyser les résultats pour trouver des preuves indirectes d'usage de stéroïde. Actuellement, les laboratoires doivent rechercher des substances spécifiques.

«Comme d'habitude, nous seront les premiers à faire l'expérimentation», dit Rossi.

L'UCI entend aussi réprimer plus sévèrement les cyclistes adeptes des «microdoses». Cette technique consiste à prendre des doses plus faibles, mais plus régulières de produits interdits, comme l'EPO, afin que les fluctuations dans les profils sanguins soient moins marquées et n'alertent pas les contrôleurs.

«Il faut cibler les coureurs (pour les contrôler) aussi précisément que possible pour les microdoses, explique Rossi. C'est comme une partie d'échecs.»