Le plus jeune coureur de Paris-Nice, le Slovaque Peter Sagan (20 ans), a frappé encore plus fort, vendredi, en gagnant la cinquième étape à Aix-en-Provence (sud), deux jours après s'être imposé à Aurillac.

Si l'Espagnol Alejandro Valverde a grignoté quatre secondes (la bonification réservée au 3e de l'étape) pour se rapprocher à 20 secondes du leader, son compatriote Alberto Contador, le phénomène slovaque, quasi-inconnu en début de semaine, a fait une nouvelle fois sensation.

Cinquième du prologue de Montfort-l'Amaury, deuxième à Limoges où il est passé près d'un premier succès, il a réglé au sprint un petit groupe à Aurillac (3e étape) avant de s'imposer magistralement dans le final d'Aix-en-Provence où le peloton a retrouvé le soleil et des températures plus clémentes.

A la fin d'une étape de 157 km constamment animée, Sagan a réagi à un démarrage du Français Christophe Le Mével dans une petite côte, à 2 km de l'arrivée. Il a poursuivi son effort et a maintenu une centaine de mètres d'avance sur l'avant-garde du peloton qui est apparu en mesure de le reprendre sur le faux-plat montant vers la ligne.

Mais Sagan est reparti de plus belle dans les derniers hectomètres pour précéder finalement de deux secondes l'Italien Mirco Lorenzetto, le plus rapide de ce premier peloton réduit à une cinquantaine d'unités par le forcing de l'équipe AG2R (Champion, Riblon, Bouet, Roche, Loubet, Dessel) dans les 25 derniers kilomètres.

Le sens de la course

«J'aime attaquer dans les dernières côtes», a déclaré le vainqueur du jour dont l'expérience est des plus limitées. Après le Tour Down Under (4e et 5e d'étapes), le GP de la côte étrusque (15e), le Trophée Laigueglia (16e) et le Het Nieuwsblad (66e), Paris-Nice est seulement la cinquième course de l'ex-champion du monde juniors de VTT depuis qu'il a rejoint l'équipe Liquigas.

Au sein de cette formation qui compte un prétendant à la victoire finale (Kreuziger 3e), Sagan bouleverse les plans. Il doit en principe observer trois semaines sans compétition avant d'aller disputer le Tour de Turquie à la mi-avril, mais un changement de programme pourrait être décidé, afin de profiter de la période d'euphorie.

«Je ne sais pas ce que je peux gagner», a reconnu ce «néo-pro» originaire d'un pays à la culture cycliste réduite -"Avec les frères Velits, nous sommes trois Slovaques dans le peloton ProTour», a-t-il recensé- mais qui ne demande, à l'en croire, qu'à s'enflammer: «Après ma victoire d'étape, trois équipes de télévision sont allés à la maison pour interviewer mes parents. Maintenant, la Slovaquie vit avec le cyclisme !"

D'un abord timide, Sagan, qui parle quelques rudiments d'italien -il vit désormais à San Dona di Piave, en Vénétie-, se conduit en vieux briscard sur le vélo. Il ajoute le sens de la course, pour avoir porté son attaque au moment juste, à la force et avoue seulement une limite sur les montées sévères (58 sec de perdues sur Contador à Mende).

Samedi, sixième étape, la plus longue de l'épreuve (220 km) entre Peynier et Tourrettes-sur-Loup: huit ascensions figurent au programme, la principale (col de Vence) à 32,5 km de l'arrivée.