Jaked, la start-up italienne dont les combinaisons ont mis le feu aux poudres dans le monde de la natation et sont à l'origine de nombreux records du monde, affiche sa confiance à quelques jours de la décision de la Fédération internationale (Fina) sur les homologations.

«Nous sommes très confiants et nous allons retourner à Lausanne (siège de la Fina, en Suisse, NDLR) expliquer que nos combinaisons respectent les règles», confie le président de Jaked, Francesco Fabbrica, lors d'une rencontre avec l'AFP mercredi au siège de l'entreprise près de l'aéroport de Milan-Malpensa (nord).

La Fina, qui a publié le 19 mai une première liste de 199 combinaisons homologuées, a demandé aux fabricants de 136 autres modèles 100% polyuréthane, dont Jaked, recalés en raison de la possible apparition de bulles d'air favorisant la flottabilité (phénomène d"'air trapping»), de revoir leur copie.

La Fina doit publier sa nouvelle liste lundi.

Assurant que leur combinaison Jaked O1 ne produit pas ce phénomène, les dirigeants de l'entreprise sont amers vis-à-vis d'une décision de la Fina qui leur a fait perdre du temps alors que les Mondiaux de Rome (26 juillet-2 août) se rapprochent.

«Nous sommes les premiers à réclamer des règles claires, égales pour tous mais nous demandons qu'elles ne soient pas changées tous les mois, car derrière il y a un investissement en recherche et nous ne pouvons pas changer de direction sans cesse», insiste Mario Fiorillo, responsable commercial et champion olympique de water polo en 1992.

Le projet Jaked a démarré en 2007. Patron d'une entreprise de machines pour l'industrie textile et «passionné de natation», M. Fabbrica se lance dans le développement d'un nouveau tissu 100% polyuréthane avec un «noyau dur» dont l'entraîneur de ses deux enfants nageurs, Giacomo et Edoardo (Jack et Ed), qui ont donné le nom à la marque.

«Un pas technologique en avant»

Assemblée par thermosoudage, donc sans coutures, dans un endroit tenu «top secret», et extrêmement fine (0,4 mm, son slogan est d'ailleurs «More than skin», plus qu'une peau), la Jaked 01 comprime les muscles, réduisant ainsi l'effort des nageurs, et accroît la flottabilité.

Vendue 372 euros, elle est homologuée en juin 2008. La société Jaked est créée en juillet et s'allie en décembre au groupe Inticom (maillots de bain Yamamay) qui détient 51% de son capital.

Les fondateurs font les VRP et avalent alors des milliers de kilomètres. Les résultats ne se font pas attendre et Jaked a conquis depuis plusieurs records du monde, dont ceux de l'Italienne Federica Pellegrini sur 200 m nage libre ou du Français Frédérick Bousquet sur 50 m nage libre.

Juste avant les JO de Pékin, la Fédération italienne en fait même son sponsor officiel, «choisissant d'épouser un parfait inconnu» après avoir abandonné Arena, s'amuse M. Fabbrica.

Les détracteurs de Jaked n'hésitent pas à parler de dopage technologique. «N'oublions pas que c'est l'athlète qui gagne, pas la combinaison», se contente de répondre le fondateur de Jaked.

«Il était temps que la natation fasse un pas technologique en avant comme le ski, le tennis ou le cyclisme», argumente de son côté M. Fiorillo.

Au 1er janvier 2010, les combinaisons 100% polyuréthane seront totalement interdites mais les dirigeants de Jaked ne sont pas inquiets et assurent que leurs nouveaux modèles sont déjà prêts et qu'ils réfléchissent aussi à de nouvelles applications dans d'autres sports.