Le Giro déroule son tapis rose pour Lance Armstrong qui dispute pour la première fois la grande course italienne sans ambition sportive déclarée.

«Sa Majesté Lance Armstrong». La phrase de l'annonceur lors de la présentation des équipes au pied de la basilique Saint-Marc, à Venise, témoigne de l'importance qu'accorde le Tour d'Italie à la présence du septuple vainqueur du Tour de France, revenu cette saison à la compétition après un arrêt de trois ans.

Le Giro se sent honoré par la présence du Texan, qui entraîne dans son sillage télévisions, journalistes, commanditaires. Il lui pardonne volontiers son absence répétée durant les douze premières années de sa carrière, si l'on tient compte de la parenthèse liée à son traitement contre le cancer.

Dès l'automne dernier, le journal organisateur, la Gazzetta dello Sport, lui a ouvert ses colonnes. Il a relayé ses messages, sa visite mardi dernier à un hôpital de Rome spécialisé dans le traitement des cancers, son entretien le même jour avec le ministre italien des Affaires étrangères, les projets pour faire connaître sa fondation Livestrong qui a récolté depuis sa création quelque 300 millions de dollars pour la recherche, les soins et l'assistance aux malades.

À Venise, cependant, Armstrong est davantage reçu en star de cinéma qu'en (riche) homme d'affaires. Il s'est déplacé en «motoscafato», le nom de ces engins à moteur qui sillonnent le Grand Canal. Ou en gondole, quand il a rejoint - au grand bonheur des photographes - la permanence du Giro pour répondre à la presse en même temps que les sept autres coureurs vainqueurs d'un grand tour.

Frénésie

«Armstrong suscite l'intérêt du public mais surtout des médias. Ça tombe bien, ce sont les médias qui intéressent surtout Armstrong», estime un journaliste européen anglophone conscient de l'immense décalage entre la frénésie entourant l'Américain et son niveau sportif actuel après 24 jours de course en 2009.

Pour s'en tenir aux faits, le Texan (37 ans) n'en est qu'à sa phase de reprise. Depuis le 23 mars, date de sa chute au Tour de Castille et Leon (Espagne), il a cherché avant tout à retrouver un niveau correct après l'arrêt dû à sa fracture de la clavicule droite.

Armstrong s'est entraîné en altitude, à Aspen (Colorado). Il s'est aligné seulement en compétition, la semaine passée, dans le très modeste Tour de Gila (Nouveau-Mexique).

«Je ne suis pas dans la situation de Contador, je ne peux pas faire comme lui. Il était venu l'an passé en sortant d'une période de vacances mais, auparavant, il était en grande condition. Moi, je sors d'une longue période d'arrêt», a rappelé Armstrong pour couper court à tout parallèle avec l'Espagnol vainqueur l'an passé.

Durant l'avant-Giro, l'Américain a arboré la plupart du temps une tenue siglée Livestrong ou Mellow Johnny's (le nom de son magasin de cycles à Austin, Texas) de préférence au maillot Astana, l'équipe kazakh qui n'a pas payé son effectif en avril. Mais, c'est un coureur parmi d'autres qui se présentera samedi après-midi au départ du contre-la-montre par équipes.

«Quand il est à l'hôtel, il ne vit pas en marge», note son directeur sportif Alain Gallopin. «Il se comporte comme un coureur normal». Tout à fait normal? «Pas tout à fait, répond Gallopin. C'est évident, un coureur tel que lui fait monter le niveau de l'équipe».