En contrevenant à son propre règlement, l'Union cycliste internationale (UCI) a pris le risque de paraître se soumettre à un coureur, l'Américain Lance Armstrong, qui a fixé son retour à la compétition à janvier prochain en Australie.

La décision de la fédération internationale, présidée par l'Irlandais Pat McQuaid, d'accorder une dérogation de fait à Armstrong pour participer au Tour Down Under a choqué les acteurs du cyclisme, même si ceux que l'AFP a interrogés, jeudi matin au départ de Paris-Bourges, la plupart dans les équipes françaises, ont requis l'anonymat.

«Ca recommence, l'UCI est à la botte d'Armstrong !», a déclaré le directeur sportif d'une équipe, en faisant référence au passé du septuple vainqueur du Tour de France.

En 1999, à l'époque de Hein Verbruggen, le prédécesseur de Pat McQuaid, le Texan avait bénéficié du soutien de la fédération internationale. Pour justifier un contrôle positif à une pommade aux corticoïdes, il avait présenté une prescription médicale que ses adversaires soupçonnent d'avoir été antidatée.

En 2005, le rapport Vrijman, établi par un proche de Hein Verbruggen, avait absous l'Américain alors que le journal L'Equipe avait annoncé que des échantillons du Tour 1999 contenant de l'EPO lui étaient attribués.

Un signal négatif

Pour autoriser Armstrong à disputer le Tour Down Under, moins de six mois avant la fin de la période probatoire correspondant aux obligations du passeport sanguin, l'UCI est allée cette fois contre son règlement (article 77).

Pat McQuaid est surtout revenu sur ses propres déclarations tenues moins de deux semaines plus tôt, quand il avait promis: «Ce que je peux garantir, c'est que la période de six mois sera respectée».

Ce revirement a heurté, bien que ses conséquences sportives soient limitées. «Le règlement est à géométrie variable», a estimé un deuxième responsable d'équipe. «Armstrong bénéficie d'un traitement de faveur».

«Lamentable !», a tranché un troisième. «Comment l'UCI peut-elle demander à des coureurs de respecter le règlement antidopage quand elle-même ne le fait pas ? Mais où cela s'arrêtera-t-il donc ?"

En justifiant sa décision, l'UCI est restée imprécise. «Lance Armstrong aura fait l'objet d'une surveillance très étroite tout au long de la période précédant son retour dans le peloton», a assuré la fédération internationale sans donner plus de précisions.

Toujours est-il que le signal envoyé par cette décision est surtout... négatif. Comme les contrôles antidopage subis par Armstrong de 2000 à 2005, sa dernière année dans le peloton.