Alarmée par les vives tensions raciales qui secouent les États-Unis depuis plusieurs semaines, la légende vivante du basket-ball Michael Jordan est sortie lundi de son habituelle réserve pour appeler la société américaine à réagir et à changer.

«Je sais que ce pays vaut mieux que cela et je ne peux pas rester plus longtemps silencieux», a écrit le joueur de basket le plus célèbre de la planète dans une lettre ouverte publiée par le site internet The Undefeated.

À 53 ans, l'ancien arrière emblématique des Bulls de Chicago, désormais propriétaire de l'équipe NBA des Hornets de Charlotte, a fait entendre sa voix comme jamais auparavant.

Au sommet de sa popularité lorsqu'il martyrisait le reste de la NBA avec les Bulls dans les années 1990, Air Jordan se gardait bien de toutes prises de position ou même d'aborder des questions autres que le basket.

Mais ces dernières semaines, les morts de deux Noirs tués par des policiers, les représailles contre huit policiers tués par balles et les manifestations à travers les États-Unis lui ont rappelé le pire souvenir de sa vie, le meurtre de son père James en 1993.

«En tant qu'Américain fier de son pays, en tant que père qui a perdu son propre père à cause d'un acte de violence insensé, en tant que Noir, j'ai été profondément perturbé par les morts de Noirs tués par les forces de l'ordre, les meurtres lâches et odieux de policiers m'ont mis en colère», a-t-il expliqué.

«Je suis attristé et frustré par les discours de division et les tensions raciales qui semblent empirer ces derniers temps», a-t-il poursuivi.

«Nous devons trouver des solutions afin que les gens de couleur soient assurés d'un traitement juste et égal ET que les policiers, qui mettent leur vie en danger chaque jour pour nous protéger, soient respectés et soutenus», a espéré le sextuple champion NBA. 

Don de deux millions de dollars 

Pour tenter d'apaiser les tensions, Michael Jordan, dont la fortune bâtie sur son nom et son image - utilisés par Nike pour vendre des chaussures de course - dépasse le milliard de dollars, a décidé de faire un don de deux millions de dollars à deux associations qui travaillent sur le terrain pour rapprocher police et population et instaurer une meilleure compréhension.

«Ces problèmes ne sont pas arrivés du jour au lendemain et ne seront pas résolus demain», a-t-il admis.

«Mais si nous travaillons tous ensemble, nous pouvons créer une meilleure entente, un changement positif et un monde plus en paix pour nous-mêmes, nos enfants, nos petits-enfants, nos familles et nos communautés», a espéré Jordan.

Celui qui, par le passé, avait justifié sa réserve sur les questions politiques en rappelant que «les républicains aussi achetaient des chaussures de course», a suivi l'exemple donné par les stars actuelles de la NBA, LeBron James et Carmelo Anthony, beaucoup plus impliqués dans la société américaine qu'il ne l'était lors de sa carrière de joueur.

Il y a deux semaines, James et Anthony ont exhorté les sportifs à faire entendre leur voix pour réclamer la fin des violences à caractère raciste.

«Le système est cassé, les problèmes ne sont pas nouveaux, la violence n'est pas un phénomène nouveau, le fossé racial n'est assurément pas quelque chose de nouveau. Mais il n'a jamais été aussi urgent de changer les choses», avait rappelé Carmelo Anthony.

«L'heure est venue de se regarder dans le miroir et de nous demander: "Que faisons nous pour que cela change?"» avait lancé King James, sacré champion NBA le mois dernier avec les Cavaliers, dont le message a été entendu par His Airness, sa majesté, Michael Jordan.