Les joueurs des Clippers de Los Angeles ont choisi de ne pas parler en public du propriétaire Donald Sterling. Ils ont plutôt opté, dimanche, pour une protestation silencieuse.

En réponse à des propos attribués à Sterling demandant à une femme de ne pas être accompagnée de gens de race noire aux matchs de l'équipe, les joueurs des Clippers ont utilisé leur uniforme pour manifester leur solidarité.

Ils sont sortis en courant du tunnel, avant le début du quatrième match de leur série de premier tour face aux Warriors de Golden State, vêtus de leur survêtement d'entraînement en vue de la séance d'avant-match. Ensuite, ils se sont rassemblés au centre du court et ont lancé leur survêtement sur le plancher, révélant un uniforme rouge enfilé à l'envers, dans le but de cacher le logo de l'équipe. Les joueurs arboraient également des serre-poignet et des brassards noirs, et portaient tous des chaussettes noires.

Les spectateurs composant la salle comble de 19 596 spectateurs, majoritairement vêtus de chandail dorés aux couleurs des Warriors, ont hué les Clippers - comme lors de chaque match - lors de la cérémonie de présentation des joueurs.

L'épouse de Sterling, Shelly, était assise face au banc des Clippers. Le commissaire Adam Silver avait annoncé que Donald Sterling ne serait pas présent au match.

L'entraîneur en chef Doc Rivers a déclaré avant la rencontre qu'il demeurerait l'unique porte-parole des Clippers dans ce dossier, ajoutant que les joueurs voulaient maintenir leur concentration sur le basket-ball. Mais il a reconnu que ce n'était pas chose facile depuis que TMZ a dévoilé le prétendu enregistrement de Sterling, samedi.

«Notre message est de jouer, a déclaré Rivers. Notre message est que nous ne laisserons personne et quoi que ce soit nous empêcher d'atteindre nos objectifs. Et je pense que c'est un bon message. Je le pense vraiment. Je pense que c'est le message que nous essayons d'envoyer. Et si nous pouvons aller jusqu'au bout, je pense que ce serait un message extraordinaire.»

Pendant que les Clippers tenaient à s'exprimer par leur jeu, d'autres joueurs de la NBA ont continué de s'exprimer sur le sujet.

Certains ont parlé du mal qu'ont causé les présumés propos de Sterling. D'autres ont pressé Silver de prendre des mesures énergiques contre Sterling, qui a été mêlé, par le passé, à des allégations de discrimination. La plupart souhaitaient que Sterling soit délogé à titre de propriétaire de l'équipe dans un avenir rapproché.

«Nous sommes plus que des joueurs de basketball, a déclaré Garrett Temple, un garde des Wizards de Washington. Nous sommes des êtres humains, d'abord et avant tout. Et lorsque vous entendez de telles choses, c'est malheureux que quelqu'un voit les choses ainsi, peu importe de qui il s'agit. Et je ne crois pas qu'il y a place pour de telles pensées dans notre sport, et dans le monde, en fait.»

LeBron James, le joueur vedette du Heat de Miami, a affirmé que Silver devait agir, allant jusqu'à dire «qu'il n'y avait aucune place pour Donald Sterling dans notre ligue». Kobe Bryant, l'étoile des Lakers de Los Angeles, a écrit sur son compte Twitter qu'il ne pourrait pas jouer pour Sterling. L'entraîneur en chef des Warriors, Mark Jackson, qui a porté les couleurs des Clippers de 1992 à 1994, a reconnu qu'il pourrait pardonner à Sterling, mais que lui non plus ne pourrait jouer pour lui en ce moment.

L'Association des joueurs, qui n'a toujours pas de directeur exécutif depuis le licenciement de Billy Hunter en février 2013, suit la situation étroitement. Le syndicat a demandé à l'ancien joueur étoile Kevin Johnson, actuel maire de la ville de Sacramento, d'assumer un rôle de leader au nom des joueurs dans le dossier Sterling.

Johnson et Silver ont assisté à la rencontre dimanche. Johnson a raconté avoir tenu une conférence téléphonique d'urgence avec chacun des représentants des joueurs, samedi soir, et a discuté avec Silver avant le match. Il a fait remarquer qu'il s'agit d'un «moment décisif» pour la NBA et pour Silver.

Johnson a indiqué que les joueurs ont confiance que le commissaire allait répondre favorablement à leurs demandes. Les joueurs ont entre autres exigé que Sterling soit banni des arénas jusqu'à la fin des séries éliminatoires, et veulent un compte rendu complet des allégations de discrimination qui circulent au sujet du propriétaire des Clippers, et pourquoi la ligue n'a jamais sévi contre lui s'il y avait matière à le faire.

Les joueurs aimeraient également savoir quelle est la marge de manoeuvre de la ligue en matière de sanctions, incluant la pénalité maximale, ce que les joueurs souhaitent si l'enregistrement audio devait être validé, et ils tiennent à ce qu'une décision ferme et immédiate soit rendue, préférablement avant le cinquième match de la série, mardi soir à Los Angeles.

Johnson a ajouté qu'il n'y aura aucun boycott généralisé à travers la ligue par les joueurs, ou sous toute forme, parce que le sujet attire déjà suffisament l'attention et parce que les joueurs «font confiance à Adam Silver».

«Ils ont confiance de voir Adam Silver poser les bons gestes.»