Protectionniste la NBA? Ce préjugé un peu trop facile n'a plus tout à fait court à Toronto où les Raptors pourraient être l'une des sensations de la saison qui vient de se mettre en branle.

L'équipe canadienne, malgré deux précédentes années difficiles, a en effet décidé de continuer à jouer la carte d'un effectif cosmopolite au sein duquel un seul des sept joueurs majeurs est né sur le sol américain. Il s'agit en l'occurrence de l'intérieur Chris Bosh, meilleur marqueur de son équipe depuis quatre ans. A Toronto, où le parcours en championnat n'a jamais été plus loin que la première ronde éliminatoire depuis presque 10 ans, Bosh cohabite dans le cinq majeur avec deux Italiens, un Espagnol, un Turc, un Slovène et le pivot australien Jawai.

Depuis le début des années 2000, les Spurs de San Antonio, les Kings de Sacramento ou encore les Mavericks de Dallas ont, tour à tour, prouvé que des équipes s'appuyant sur plusieurs éléments majeurs non-Américains pouvaient être dominantes en NBA.

A Toronto, le choix d'européaniser l'effectif remonte à 2006 sous la houlette d'un directeur général italien, Bryan Colangelo, qui a cet été levé assez de fonds pour pouvoir poursuivre dans cette voie. Pour plus de 160 millions $ CAN, il a pu attirer d'Orlando l'excellent tireur turc Hedo Turkoglu et prolonger sur cinq ans le contrat du grand intérieur Bargnani, formé à Trevise (Italie).

Les Raptors récupèrent par ailleurs le «cube» slovène Nesterovic (2,14m) dont l'expérience dans la Ligue n'est pas neutre avec près de 800 matches disputés en 10 ans.

Enfin, l'arrière prodige Marco Bellinelli, sorti de Bologne, a lui aussi débarqué au Canada après deux années de galères du côté de San Francisco. C'en est assez pour que Tony Parker, fin connaisseur des valeurs européennes bien établies et plongé dans un contexte comparable avec les Spurs, avoue une véritable sympathie pour l'équipe de Toronto.

«Avec Bellinelli, que Toronto a eu en plus pour une bouchée de pain, les Raptors récupèrent un vrai talent offensif. Pour peu qu'on lui donne sa chance, il est capable de marquer avec beaucoup de régularité et devrait s'épanouir cette saison», témoigne le meneur français.

Mais c'est surtout à son propre poste de jeu que Parker voit une réelle menace pour les autres équipes NBA.

«Avec Calderon (meneur formé à Vitora, Espagne), les Canadiens ont l'un des meilleurs passeurs et organisateurs du championnat. A 27 ans, et après trois saisons NBA, il est à maturité» estime-t-il. Tournant à près de neuf passes décisives en moyenne, José-Manuel Calderon semble effectivement être l'homme capable d'aider les Raptors à gagner leur pari.