La nouvelle saison de curling devrait être beaucoup moins controversée que la dernière puisque tous les balais des équipes de haut niveau sont équipés du même tissu «jaune moutarde», comme le capitaine Brad Gushue le décrit.

Le monde du curling a été propulsé dans une controverse sans précédent l'hiver dernier quand de nouveaux balais munis d'un tissu abrasif permettaient aux balayeurs de contrôler la trajectoire de la pierre d'une manière jamais vue auparavant.

La précision des tirs avait moins d'importance, tout se jouait grâce au contrôle fourni par les nouveaux balais. On craignait toutefois que les nouveaux tissus abrasifs des balais détériorent la qualité de la glace.

La confusion entourant ce qui devrait être permis ou non a provoqué des tensions entre les équipes.

«Ce n'était pas très plaisant l'an dernier, a admis la capitaine Chelsea Carey, championne canadienne en titre. Il y avait beaucoup plus d'animosité et de tension que par le passé.»

De nouvelles règles ont été adoptées par la Fédération mondiale de curling le 10 septembre, à la suite d'un sommet sur le balayage à Kemptville, en Ontario, en mai.

Gushue était un des joueurs présents lors des trois jours de tests supervisés par le Conseil national de recherches du Canada. Les nouvelles règles seront appliquées lors de tous les événements de la Fédération mondiale, et par le fait même, ceux sanctionnés par Curling Canada.

Le changement le plus visible cet automne lors des tournois du Circuit mondial de curling est que toutes les têtes des balais ont la même couleur et le même tissu provenant de la même source.

«C'est simplement pour s'assurer que tous les balais n'ont pas un avantage sur un autre, a expliqué la capitaine Val Sweeting. C'est de nouveau un sport de précision et de gestion des lancers.»

«Le tissu que les athlètes préfèrent, celui qui est utilisé présentement, est celui qui est le moins traité et dont les fibres sont les plus fines», a indiqué Scott Taylor, président de l'entreprise d'équipement de curling BalancePlus.

«Quand nous tissons les têtes, nous devons produire un rapport sur chaque rouleau et fournir un échantillon de chaque rouleau à la Fédération mondiale. S'il y a un problème, nous pouvons revenir sur nos pas.»

Selon les nouvelles règles, chaque joueur doit déclarer avant le match quel balai il utilisera et il ne peut pas changer de balai ou la tête de son balai pendant le match sans la permission de l'officiel en chef.

Un joueur est disqualifié et l'équipe doit abandonner le match lors d'une première infraction dans un tournoi. Une deuxième offense dans la même compétition signifie la suspension de tous les joueurs de l'équipe pour le reste de la saison.

«Nous voulions des pénalités sévères, a indiqué Gushue. Si vous essayez de cacher votre tissu illégal avec la même couleur jaune moutarde, vous méritez une sanction sévère. À mes yeux, c'est comme mettre du liège dans un bâton de baseball.»

Les nouveaux balais ont aussi créé une nouvelle tendance de «balayage directionnel», alors qu'un seul balayeur va s'activer pour augmenter ou diminuer la courbe de la pierre. L'époque du balayage à deux joueurs a pris fin.

Les nouvelles règles s'appliquent à l'équipement, mais pas à la technique. Le balayage directionnel est donc toujours permis et les équipes vont continuer d'utiliser cette technique tant qu'elles seront convaincues qu'elle a un impact.

«Certains pensent que ça ne fait rien, d'autres pensent que ç'a toujours un effet, a mentionné Carey. Le seul consensus, c'est qu'il y a moins d'effet les nouveaux tissus permis. C'est négligeable s'il y a un effet.

«Dans certains cas, même si la différence n'est que d'un quart-de-pouce, ça peut être suffisant.»

La championne olympique Jennifer Jones appuie l'avancée technologique du curling, tant qu'elle ne rendra pas son sport méconnaissable.

«C'était assez stressant l'an dernier parce qu'il y avait beaucoup de changements et qu'ils avaient un impact sur un sport qui nous passionne, a-t-elle raconté. Les changements l'an dernier endommageaient la glace, avaient un impact sur la surface de jeu, et vous ne pouvez pas permettre ça. Ça affectait l'intégrité du sport. Nous devons accepter les nouvelles technologies, tant qu'elles ne changent pas les aspects fondamentaux du sport.»