Deux frères, deux triathloniens, dont l'un vole au secours de l'autre en train de défaillir à l'arrivée d'une course: l'image offerte par Alistair et Jonathan Brownlee dimanche au triathlon de Cozumel (Mexique) suscite depuis de nombreuses réactions émues au Royaume-Uni, jusqu'à JK Rowling, la créatrice de Harry Potter.

Même si le sport ne manque pas de telles scènes, celle-ci est particulièrement forte. Seul en tête à 300 mètres de l'arrivée, avec un titre qui lui tend les bras, l'Anglais Jonathan Brownlee titube, déshydraté et pris d'un malaise. Son grand frère Alistair, double champion olympique en titre, qui se trouve derrière lui, lui vient en aide, en le portant, allant même jusqu'à littéralement le pousser pour qu'il puisse franchir la ligne.

Une fois la ligne passée, Jonathan s'écroule, totalement KO et reçoit des soins.

Alistair a bien tenté ensuite de minimiser son geste, il a tout de même marqué le pays.

«S'il avait craqué avant la ligne d'arrivée, là où il n'y avait pas d'aide médicale, cela aurait pu être très dangereux. C'est une réaction normale pour son frère. Mais j'aurais fait la même chose pour n'importe qui», a raconté Alistair, 28 ans. Avant d'envoyer une pique à son frère: «J'aurais préféré que ce dingue prenne le bon rythme et gagne la course. Il aurait quand même pu courir les deux derniers kilomètres.»

Jonny, médaillé d'argent aux JO de Rio, a commenté sa mésaventure sur Twitter: «Normalement, c'est quand tu bois trop. Cette fois, c'était l'inverse.»

«Alistair avait une chance de gagner, mais il l'a laissé passer pour m'aider», a reconnu Jonny, 26 ans, qui menait la course et aurait pu remporter les World Series, si la chaleur ne l'avait pas frappé lors des deux derniers kilomètres.

«Acte suprême d'amour fraternel»

«Je le remercierai jusqu'à la fin de mes jours», a insisté le petit dans un élan d'amour familial. «Il faut être une personne forte et bonne pour faire ça. Des fois, dans le sport, on dit que gagner est la chose la plus importante. La plupart du temps, ça l'est, mais, parfois, aider son frère, ça l'est encore plus.»

Pour celui qui aurait pu gagner l'épreuve mexicaine, la chose n'est pas si évidente. Elle mérite en tout cas réflexion... après coup.

«Je me suis assis pendant une heure après la course en me demandant: «Ai-je pris la bonne décision?», a raconté à la BBC le grand frère. «Aurait-il eu de l'aide médicale plus vite si je l'avais laissé? Est-ce que c'est bien de porter quelqu'un jusqu'à la ligne d'arrivée?»

«Mais les réactions m'ont ensuite rassuré, peut-être que c'était finalement la bonne chose à faire», a confié le triathlonien.

L'histoire a en tout cas ému JK Rowling, la créatrice de Harry Potter, qui a tweeté des émoticônes d'applaudissements et de larmes pour marquer son émotion.

Tout comme la presse: «C'est un moment qui a symbolisé l'essence même de l'esprit du sport et de l'amour fraternel», écrit le Daily Telegraph.

Selon The Times, personne ne se rappellera qui a gagné la course --l'Espagnol Mario Mola--, mais tout le monde «se rappellera le sacrifice d'Alistair Brownlee, qui, avec la victoire à portée de mains, s'est arrêté pour aider son frère alors que celui titubait au bord de l'évanouissement... dans un acte suprême d'amour fraternel».