L'Angleterre, sacrée en 2003 et finaliste en 2007, a été poussée vers la sortie de la Coupe du monde de rugby, par la France, victorieuse (19-12) en quarts de finale, samedi à Auckland.

«On est amèrement déçus», a résumé Martin Johnson, l'entraîneur du XV de la Rose, qui sera absent du dernier carré pour la première fois depuis 1999.

Cette année-là, les Anglais, avec un deuxième ligne nommé... Martin Johnson, avaient été battus par l'Afrique du Sud (44-21), et victimes notamment de cinq coups de pieds tombés de l'ouvreur Jannie De Beer, un record international qui tient toujours.

Douze ans plus tard, les Anglais ont été défaits par des Français hyper-réalistes, qui ont saisi la plupart de leurs occasions, notamment en première période, à l'issue de laquelle ils menaient largement (16-0), grâce notamment à deux essais de l'ailier Vincent Clerc (22) et de l'arrière Maxime Médard (30).

Moribonds depuis le début du Mondial, les Français ont été très loin des visages affichés lors des deux derniers matches perdus face à la Nouvelle-Zélande (37-17) et surtout face à la modeste équipe des Tonga (19-12), le 1er octobre.

Battus en demi-finale des deux dernières éditions par les Anglais (24-7) en 2003 et (14-9) en 2007, ils ont cette fois l'occasion d'accéder à la finale, comme en 1987 et 1999. À condition de battre le pays de Galles, en demi-finales, le samedi 15 octobre à Auckland.

«Des instants rares»

«Il faut maintenant savoir si cette équipe a envie d'imiter ses illustres devancières ou bien d'écrire sa propre histoire», a lâché l'entraîneur Marc Lièvremont, dans une allusion à l'irrégularité chronique du XV de France à travers le temps.

Face aux Gallois, et même au-delà, les Français ont quelques beaux arguments à avancer, notamment une mêlée solide, et une troisième ligne Dusautoir-Harinordoquy-Bonnaire, royale. Mais aussi un état d'esprit retrouvé et un collectif qui a surmonté les épreuves.

«Beaucoup de joueurs se sont rendu compte qu'ils passaient à côté d'une chance extraordinaire. Que jouer une Coupe du monde, c'était des instants rares dans la vie», a souligné le capitaine Thierry Dusautoir.

«Je ne sais pas si on a joué du très grand rugby, mais il y avait 22 joueurs qui avaient envie d'exister», a-t-il souligné.

Cet état d'esprit a notamment permis aux Français de repousser toutes les vagues anglaises en seconde période, grâce à une défense héroïque. Les Anglais ont souvent transpercé le premier rideau, mais il y avait toujours un joueur pour sauver la situation.

Seule exception: lorsque l'arrière Ben Foden a fini derrière la ligne (77e). Mais il était trop tard. La victoire avait déjà choisi son camp. L'Angleterre avait déjà emprunté la voie de la sortie. Et quelques monstres sacrés anglais, comme l'ouvreur Jonny Wilkinson, 32 ans, ont sûrement dit Adieu au XV de la Rose.