L'Irlande a créé la première sensation de la Coupe du monde de rugby, en battant (15-6) l'un des grands favoris, l'Australie, victime de la faiblesse de son pack en mêlée fermée, samedi à Auckland.

Ce succès ouvre grand la porte des quarts de finale aux Irlandais, qui devraient finir (sauf accident face à la Russie ou à l'Italie) à la première place du groupe C. L'Australie accèdera aussi, sûrement, aux quarts de finale. Mais l'adversaire sera le premier du groupe D, vraisemblablement l'Afrique du Sud, tenante du titre. Ce qui n'était pas franchement prévu au programme.

À la sortie d'une terrible empoignade, les Wallabies ont ressassé l'une des règles d'or du rugby: «No scrum, no win» (pas de mêlée, pas de victoire). Les Wallabies avaient contourné cette règle sacrée en novembre, où ballottés face aux Français présomptueux, ils avaient trouvé des solutions au grand large pour décrocher un succès historique par son ampleur (59-16).

Dix mois plus tard, les Irlandais leur ont imposé un plan de jeu simple: mêlée conquérante, combat au sol et jeu au pied (occupation et aérien). Et les Wallabies, si fringants pendant le Tri-Nations, n'ont jamais trouvé la clé du problème, sous un rideau de pluie aux reflets dublinois.

«Il n'y a pas que la mêlée qui nous a fait perdre, s'est défendu Robbie Deans, l'entraîneur des Wallabies. Les Irlandais ont joué très intelligemment, et ils nous ont mis une pression terrible dans les airs et dans le jeu au sol».

«Physiquement et tactiquement»

«Je crois qu'on les a dominés un peu physiquement, mais aussi tactiquement en mêlée», savoure le talonneur irlandais Rory Best. «Petit à petit, mêlée après mêlée, on a senti qu'on prenait le dessus», sourit le pilier Cian Healy, qui a malaxé son adversaire direct, le «droitier» australien Ben Alexander.

Prétendants affichés à une troisième couronne mondiale, après celles de 1991 et 1999, les Australiens ne peuvent pas envisager d'aller plus loin sans un pack conquérant et armé pour le combat.

Ces avancées répétées ont permis aux Irlandais de récolter des pénalités (5 après mêlées!), transformées par les pieds de Jonathan Sexton et du vétéran Ronan O'Gara, entré en jeu en seconde période. Surtout, elles ont mis sous pression la charnière Genia-Cooper, qui d'ordinaire illumine le jeu des Wallabies.

Cette fois, les deux virtuoses ont senti le souffle chaud de leurs adversaires, qui les ont emportés dans la foulée de leurs avancées dévastatrices.

Sur les cendres de cette défaite, les Wallabies ont refusé de se projeter au-delà de leur prochain match, face aux États-Unis, vendredi 23 septembre à Wellington. Les Springboks en quarts de finale? «Non, je ne veux pas en parler», a lâché le deuxième ligne Dan Vickerman, avant de s'enfoncer dans la nuit d'Auckland.