Le litige judiciaire qui menace la prochaine Coupe de l'America s'est durci en ce début 2009, avec le soutien affiché du monde américain de la voile au syndicat US Oracle face au tenant suisse Alinghi.

À un peu plus d'un mois d'une audience en appel déterminante le 10 février à New York, le prestigieux New York Yacht Club (NYYC), détenteur historique de la «Cup» et le San Diego Yacht Club (SDYC), défenseur en 1992 et 1995, sont montés au créneau pour soutenir Oracle.

Ils ont présenté devant la justice new yorkaise des mémoires confirmant les critiques d'Oracle: Alinghi a fixé pour la 33e édition de l'épreuve des règles inéquitables et choisi un club de voile espagnol fictif comme «challengeur de référence» (qui fixe les règles de l'édition avec le défenseur).

Et ils viennent d'être rejoints dans cette démarche par le milliardaire américain Bill Koch, vainqueur de l'épreuve en 1992 sur America 3, dans une tentative apparemment concertée pour essayer d'influencer la cour d'appel de New York, dont la décision est attendue fin mars.

Alinghi a contre-attaqué en annonçant lundi la présentation d'un mémoire réfutant ces arguments et critiquant vertement le NYYC, écrit par deux challengeurs inscrits pour la 33e édition, le syndicat français French Spirit de Marc Pajot et l'équipe sud-africaine Shosholoza.

«Marionnette»

Dans ce document, les deux syndicats qualifient le NYYC de «marionnette» au service du Golden Gate Yacht Club (GGYC), représentant Oracle, et dénoncent ses turpitudes et son comportement «dictatorial» pendant les 132 ans au cours desquels il a détenu et défendu la Coupe aux États-Unis (1851-1983).

Cette brusque montée d'adrénaline témoigne du durcissement du conflit entre Oracle et Alinghi via leurs deux patrons milliardaires, l'Américain Larry Ellison et le Suisse Ernesto Bertarelli, à l'approche des échéances judiciaires.

Les Suisses, vainqueurs en 2007 à Valence (est de l'Espagne), ont inscrit 18 challengeurs, un chiffre jugé élevé, pour la 33e édition de l'épreuve en 2010 ou 2011, toujours à Valence et convaincu 10 d'entre eux de les soutenir à New York.

Mais ils n'ont pas la réputation des clubs de voile américains auprès d'une cour d'appel qui doit examiner une précédente décision prise à une courte majorité en faveur d'Alinghi en juillet 2008.

En cas de victoire finale d'Oracle, la prochaine «Cup» pourrait prendre la forme d'un duel en multicoques avec Alinghi en 2010, à moins d'un compromis qui paraît de moins en moins probable.

Alors que ce litige fait fuir les parraineurs et menace l'avenir de l'épreuve, Suisses et Américains auront l'occasion d'en rediscuter lors des Louis Vuitton Pacific Series auxquelles ils participent tous deux début février à Auckland. Un rendez-vous de la dernière chance.