Dehors les tricheurs: la Russie, accusée de dopage organisé et suspendue, a poursuivi sa marche forcée vers une réintégration dans le giron sportif en annonçant jeudi la démission de toute la direction de son agence nationale antidopage (RUSADA), au centre des accusations.

«Tous les quatre dirigeants de RUSADA», notamment le directeur général de l'agence, Ramil Khabriev, et le numéro 2, Nikita Kamaïev, «ont démissionné», a indiqué à l'AFP une porte-parole, sans plus de détails. «Anna Antseliovitch a été nommée directrice générale par intérim», a-t-elle ajouté.

La RUSADA n'était déjà plus qu'une coquille vide depuis que l'instance avait perdu son accréditation auprès de l'Agence mondiale antidopage (AMA). De même que le laboratoire antidopage de Moscou.

Au début de novembre, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'Agence mondiale antidopage (AMA) a publié un rapport qui a mis en lumière un dopage organisé dans l'athlétisme russe, au sein duquel la RUSADA a aidé à dissimuler des cas positifs impliquant des athlètes russes.

Dans les faits, Ramil Khabriev avait déjà démissionné de ses fonctions le 10 décembre. Ce même jour, une équipe d'experts constituée par l'AMA avait entamé des travaux à Moscou visant à aider la Russie à se réformer dans le domaine antidopage.

M. Khabriev, qui dirige également l'Institut national de la santé publique et des recherches médicales de Moscou, avait alors expliqué être trop pris par ses fonctions à ce poste, remerciant le personnel de la RUSADA pour une «coopération fructueuse» et leur souhaitant de la «patience dans cette situation difficile», selon un communiqué publié sur le site de l'instance.

Premières réponses en mars

Les trois autres dirigeants de la RUSADA, parmi lesquels Nikita Kamaïev qui ne cessait de dénoncer des accusations «infondées» de dopage organisé, avaient présenté leur démission avant celle de Ramil Khabriev, a affirmé jeudi Natalia Jelanova, une adjointe du ministre russe des Sports Vitali Moutko, citée par l'agence publique R-Sport.

La démission collégiale et officielle de la direction de la RUSADA constitue néanmoins un signe supplémentaire de bonne volonté de la part de la Russie, alors qu'à huit mois des Jeux olympiques de Rio, les athlètes de son pays sont suspendus de toute compétition.

La refonte totale de l'agence censée gérer l'ensemble des contrôles antidopage dans le pays était en effet un préalable non-négociable qui figurait parmi les strictes conditions imposées à la Russie par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).

Le ton général de cette liste d'exigences produites vendredi de la semaine dernière par l'IAAF, ferme et très précis, ne laisse aucune marge: la Russie doit s'y plier ou craindre une mise au ban définitive.

Obligée de se réformer, la Russie de l'athlétisme n'a que peu de temps pour se mettre en conformité.

Un premier réexamen de sa situation est envisagé en mars prochain, à l'occasion du conseil de l'IAAF, le gouvernement de l'instance, programmé à Cardiff lors des Mondiaux de semi-marathon.

La «task force», le groupe de travail spécialement formé pour jauger des efforts, doit rendre régulièrement compte de l'évolution de la situation.

En clair, la Russie doit couper tout lien et démettre de leurs fonctions tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à ce système de dopage. La RUSADA n'existe plus, mais tout reste à faire.