C'est dimanche qu'aura lieu le troisième Ironman de Mont-Tremblant, une épreuve d'endurance que les meilleurs athlètes boucleront en un peu moins de neuf heures, et que d'autres ne termineront pas. Derrière les performances se cache un sport en croissance, où le dépassement de soi a ses bons et ses moins bons côtés.

Près de 150 longueurs de piscine. L'équivalent de la distance entre Montréal et Sherbrooke en vélo. Et un marathon par-dessus tout ça.

À première vue, voici un menu qui n'annonce pas exactement une journée agréable. Mais pour des gens en quête de défis, c'est le summum.

Ces gens en quête de défis seront réunis dimanche à l'occasion de la troisième édition de l'Ironman de Mont-Tremblant. Ils seront un peu plus de 2600 à se lancer dans ce défi titanesque.

L'Ironman, c'est le triathlon poussé à l'extrême. Et il y a de plus en plus d'adeptes du triathlon au Québec.

«On enregistre des hausses de membres d'environ 25% par année depuis 2011, explique Sébastien Gilbert-Corlay, directeur des opérations à la Fédération de triathlon du Québec. Nous étions 1800 en 2011, 2300 en 2012, 2800 l'an passé et on est rendus à environ 3100. On devrait atteindre 3200 ou 3300 membres à la fin de l'année.»

En tout, la Fédération a enregistré 33 000 inscriptions à des triathlons en 2013, dont des centaines en hiver.

Les clubs locaux ressentent eux aussi cette croissance. À Triathlon Rive-Nord (TRN), on est passé de 4 membres à la fondation, il y a 5 ans, à 150 membres cette année. La croissance est encore plus marquée à Trifort, à Chambly.

«La première année, on a eu une cinquantaine d'inscriptions, se souvient le président du club, François Lalonde. Aujourd'hui, on est 250 membres et 8 entraîneurs. On a un volet jeunesse. On doit refuser des gens parce qu'on n'a pas assez de place, en raison du volet piscine surtout.»

Les facteurs

«C'est un phénomène de société, général aux pays occidentaux, explique M. Gilbert-Corlay. On est dans une mentalité où les gens recherchent des défis. Il y a eu explosion de la course à pied aussi. Après avoir complété un marathon, on cherche la prochaine étape, on veut repousser les limites, accomplir des défis. Le triathlon est un défi attrayant.»

Voilà pour les motivations individuelles. Mais derrière ce mouvement, la croissance du géant Ironman, la compagnie qui organise ces courses, n'est pas à négliger non plus. Plus de 180 épreuves ont lieu annuellement sur les 5 continents.

«Ironman est une entreprise mondiale, qui développe sa marque et qui est en période d'acquisitions. Elle achète plein de triathlons dans le monde et y appose sa signature. Elle a démocratisé le triathlon, et la présence médiatique ne nuit pas non plus», estime M. Gilbert-Corlay.

«Ironman vend le rêve que tout est possible, que ça change ta vie. Les gens achètent de concept», ajoute M. Lalonde, de Trifort.

À l'excès

Mais ce rêve a aussi ses effets pervers, prévient M. Lalonde.

«Un Ironman, ça peut prendre entre 9 et 17 heures. Selon moi, un triathlon olympique, avec des distances plus raisonnables, est tout aussi bon pour la santé et moins risqué. Il y a le blues post-Ironman, la difficulté de concilier famille, travail et entraînement. Des gens deviennent obsessifs, une obsession renforcée par l'admiration de l'entourage. On parle très peu de ça, parce que c'est tabou.»

«Ça a un impact sur la vie sociale, car ça peut être difficile d'avoir des amis pas sportifs, pas actifs, reconnaît Sophie Yergeau, présidente de Triathlon Rive-Nord. Avec ces gens, c'est plus difficile de trouver l'horaire pour socialiser. L'équipe de TRN, on se voit trois, quatre, cinq fois par semaine, donc ce sont mes amis! Et dans ma famille, tout le monde fait du triathlon, chacun à son niveau.»

Que ce soit pour l'entraînement, la nutrition ou l'aspect psychologique, les clubs doivent donc bien encadrer leurs membres pour éviter des dérapages. Chez TRN, des conférences sont offertes sur ces sujets, dont une récente avec le psychologue sportif Sylvain Guimond.

«J'ai instauré des mesures préventives dans mon club, des groupes de discussion, entre autres pour prévenir les dépressions», assure M. Lalonde.

Malgré ces risques, François Lalonde ne peut que se réjouir de la popularité croissante du triathlon. «Il y a beaucoup plus de positif que de négatif!», conclut-il.

La course en chiffres

Le parcours

3,8 km

Distance à la nage

180 km

Distance à vélo

42,2 km

Distance à la course

18°C

Température probable de l'eau

15%

Degré d'inclinaison de la pente la plus abrupte

80 km/h

Vitesse maximale que devraient atteindre les cyclistes au départ

Au départ

> 2603 participants

> 1912 hommes

> 691 femmes

> 60 pays représentés

> 1108: participants du Canada, dont 483 du Québec

> 1292 participants des États-Unis

> 1 participant de la Micronésie, du Laos et du Sénégal