Le «Blade Runner» sud-africain Oscar Pistorius, arrêté jeudi pour le meurtre de sa petite amie à Pretoria, est devenu une icône en étant le premier double amputé à participer aux Jeux olympiques l'été dernier après un long combat avec les autorités sportives.

Sourire charmeur, affable, il est devenu en quelques années le chouchou des médias et une véritable star du sport, et pas seulement du handisport, surnommée «Blade Runner» (le coureur aux lames), en raison de ses jambes mi-humaines mi-artificielles.

Sacré «homme le mieux habillé de l'année» 2011 par le magazine GQ, il a aussi fait la couverture de Men's Health ou tourné une publicité pour un parfum, déguisé pour l'occasion en homme bionique, les jambes recouvertes d'une armature en métal chromé étincelant.

Il formait aussi un couple glamour avec sa fiancée décédée, Reeva Steenkamp, un top-model âgé de 30 ans, mais la police a signalé jeudi avoir reçu «par le passé des rapports faisant état de disputes familiales» à leur domicile.

Oscar Pistorius est né sans péronés à Johannesbourg le 22 novembre 1986 et a été amputé des jambes à l'âge de 11 mois. Se jetant malgré cela à corps perdu dans le sport dès l'enfance, il s'essaye au water-polo, au cricket, à la boxe... mais choisit la course à 16 ans après une fracture du genou en jouant au rugby.

Dès ses premiers tours de piste, il bat des records et son entraîneur à l'école secondaire assure qu'elle a mis six mois à se rendre compte qu'il courait avec des prothèses, car elles étaient cachées sous des combinaisons à jambes longues et ne l'empêchaient pas de faire «tout au même rythme que les autres».

Rapidement au-dessus du lot chez les paralympiques (six médailles d'or au total entre 2004 et 2012), il veut se frotter aux valides, mais il doit livrer un long combat, en piste et hors piste, pour arriver à ses fins, sur fond de guerre d'experts sur ses prothèses de course.

En 2008, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) avait ainsi mis son veto à la participation de Pistorius aux compétitions sous son mandat, car elle estimait que ses lames en carbone en forme de pattes de félin lui conféraient un certain avantage sur la deuxième moitié du tour de piste.

Fou de vitesse

Mais d'autres experts ont démontré que non et par manque de preuves scientifiques sur un avantage global net tiré de l'usage de ces prothèses, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a finalement déjugé l'IAAF en 2008.

Doué d'une volonté à toute épreuve, Pistorius a alors mis les bouchées doubles à l'entraînement pour devenir le premier athlète handicapé à courir avec les valides aux Mondiaux de Daegu (Corée du Sud) en 2011. Il y a remporté une médaille d'argent avec le relais 4 x 400 m.

Les JO 2012 ont falli lui échapper pour une poignée de centièmes, mais la Fédération sud-africaine l'a sélectionné pour le relais 4 x 400 m en juillet puis repêché pour le 400 m individuel, bien qu'il n'ait pas réussi les minima exigés.

À Londres, il a atteint les demi-finales du 400 m et la finale du 4 x 400 m sur la piste. En dehors, cet homme autrefois décrit comme un brin agressif a montré un visage bien plus ouvert, dialoguant volontiers avec les journalistes et se disant fier de voir sa grand-mère de 89 ans dans les gradins du stade olympique.

Fou de vitesse et accro à l'adrénaline, Pistorius adore la moto et fut même l'heureux propriétaire de deux tigres blancs, avant de devoir les vendre à un zoo canadien.

En 2008, il s'était aussi fracturé deux côtes et la mâchoire dans un accident de bateau.