Une médaille d'or transformée en argent à la suite d'une décision controversée au 5000 m. Une chute dans le dernier droit du marathon, qu'elle allait probablement gagner. Une contre-performance au 1500 m en raison des conditions météo difficiles.

Ne parlez pas trop des Jeux de Pékin à Diane Roy. Malgré une récolte de trois médailles, y compris le bronze aux 400 et 800 m, la coureuse en fauteuil roulant (catégorie T54) ne garde pas un souvenir très reluisant de sa dernière olympiade.

«Je ne pars pas vraiment avec l'idée de me racheter à Londres, assure-t-elle. Ce sont de nouveaux Jeux, une nouvelle compétition. Mais c'est certain que je vais y penser le jour du 5000 m...»

Cette pointe d'amertume, Diane Roy la traîne depuis le 8 septembre 2008. Ce jour-là, elle a survolé sa distance favorite pour remporter sa toute première médaille d'or olympique. Or, un carambolage a emporté six des 11 participantes à l'épreuve avec un tour à faire. La Québécoise a elle-même été bousculée par l'accrochage, mais elle est parvenue à conserver son équilibre et à poursuivre la course. Trois pays déposent un protêt, et le Comité d'appel rend sa décision: la course doit être reprise et la médaille d'or, rendue aux organisateurs. Quelques jours plus tard, Roy termine à un centième de seconde de l'Américaine Amanda McGrory et doit se contenter de l'argent.

«J'ai fait ce que j'avais à faire et je sais que j'ai gagné, affirme la Sherbrookoise. On peut toujours se poser toutes les questions du monde, mais il faut passer à autre chose. C'est sûr que tout le monde m'en a parlé et va continuer de m'en parler. Je crois que les gens y pensent plus que moi!»

Alerte météo

Si Diane Roy assure qu'elle débarque à Londres l'esprit libéré de ses démons pékinois, elle n'est pas au bout de ses peines pour autant.

Elle l'avoue ouvertement: la pluie est loin d'être sa plus grande alliée. Et vu la réputation de la météo anglaise, il est presque assuré qu'une averse ou deux - ou trois, ou quatre...- s'inviteront à la compétition. Surtout sachant que les épreuves à l'agenda de la coureuse s'étendent sur au moins sept journées.

«Je dois encore changer des éléments de ma technique», a confié Diane Roy, à quelques semaines de son départ pour les Jeux.

«Mais oui, ça m'inquiète, concède-t-elle. Il ne faut pas que ça me dérange psychologiquement.»

Le problème ne se situe pas tant au niveau de la piste, explique la coureuse, mais à celui des anneaux sur lesquels il faut pousser pour propulser les roues. Mouillés, ceux-ci perdent de leur adhérence. Les concurrents doivent donc se rabattre sur des gants plus adaptés à ce genre de situation, sinon carrément leur appliquer de la résine.

Les deux avenues embêtent Diane Roy pour des raisons différentes. D'une part, le seul textile qui lui semble satisfaisant pour renforcer ses gants n'est plus disponible pour le marché - «il m'en reste juste un morceau, je le garde pour Londres!» -, et d'autre part, la résine ne lui a pas valu que des bonnes expériences à ce jour.

«À Pékin, il pleuvait pendant le réchauffement avant le 1500 m, se rappelle-t-elle. J'ai donc mis de la résine et ç'a fonctionné. Mais la pluie a cessé durant l'appel, la piste a séché et il s'est mis à faire chaud. La résine a donc cessé de coller, et quand j'ai essayé de pousser dans les derniers 400 mètres, il n'y avait plus d'adhérence. J'ai peut-être raté l'or à cause de ça.»

Et ce n'est pas faute d'essayer qu'elle n'a pas encore trouvé la recette miracle. Un groupe de recherche de l'Université de Sherbrooke s'est même penché sur la question et croyait bien être arrivé à une solution. «Mais les tests et la réalité, c'est deux choses», souligne Diane Roy.

Laisser sa trace

Pluie ou pas, Diane Roy compte bien laisser sa trace à Londres. À ses cinquièmes Jeux, elle vise rien de moins que deux médailles d'or (1500 et 5000 m), peut-être trois si tout se passe bien au marathon. Des podiums sur 400 et 800 m sont également dans l'air.

Pour une première fois, elle n'évoluera pas dans l'ombre de Chantal Petitclerc, qui a tiré sa révérence après Pékin avec derrière elle 14 titres paralympiques.

L'occasion est donc belle pour briller de tous ses feux, mais la principale concernée ne s'arrête pas à ce détail.

«De toute façon, Michelle Stilwell bat tous les records sur 100 et 200 m, alors on risque d'en entendre parler pas mal», dit-elle.

À 41 ans, elle refuse de parler de ses derniers Jeux. «J'ai encore la passion de la compétition», assure-t-elle, même si elle commence à en avoir soupé, des voyages autour du monde.

Mais l'âge ne la ralentit pas, jure-t-elle. Au contraire, elle a encore amélioré ses temps sur 400 m au cours de la dernière saison.

«Ce qui change surtout, ce sont les adversaires... De mon côté, l'expérience est là et j'y vais pour m'amuser. Si ma préparation est bien faite, le reste va aller tout seul.»