Héros de Pékin, le Jamaïcain Usain Bolt a pour l'instant fait profil bas au cours d'une saison olympique où il compte bien défendre à Londres ses trois médailles d'or de 2008, «pour entrer dans la légende» de l'athlétisme.

À l'exclusion de l'Américain Tyson Gay, qui gère un retour de blessure avec extrême prudence, les principaux concurrents de Bolt avaient déjà retrouvé le chemin de la compétition, en salle ou plein air, quand «L'Éclair» a repris en douceur samedi, à 105 jours du début des Jeux olympiques (27 juillet-12 août).

Sous un crachin et par une fraîcheur inhabituelle pour la saison à Kingston, Bolt a fait une sortie sur 4x100 m, dans un stade dégarni. Mais celui qui s'annonce comme son plus sérieux rival à Londres, son compatriote et collègue d'entraînement Yohan Blake, lui a un peu volé la vedette.

L'équipe du Racers Track Club, avec Bolt et Blake, a signé la meilleure performance mondiale de la saison en 37,82 secondes et battu une équipe formée du Britannique Dwayne Chambers et de trois des membres de l'équipe jamaïcaine médaillée d'or aux JO de 2008 (Michael Frater, Nesta Carter et Asafa Powell).

Dernier relayeur, Bolt a pris le bâton en tête et n'a laissé aucune chance de le rattraper à Powell, ex-détenteur du record du monde du 100 m. Il a dégagé une certaine impression de facilité et s'est même payé le luxe de passer le témoin de gauche à droite, conséquence d'un mauvais passage.

Blake marque des points

Signe que la compétition le démange quand même, Bolt a voulu courir le 200 m peu après ce relais, ce qui avait été catégoriquement exclu la veille par son entraîneur Glen Mills, mais les conditions atmosphériques l'en ont dissuadé.

Blake a lui eu le feu vert pour courir le 100 m et Bolt a sûrement pris note du résultat: 9,90 secondes, en avril, sous la pluie, sans concurrence digne de ce nom et sans forcer. «Le coach m'avait dit de ne pas en faire trop...», a confié Blake, le champion du monde en titre de la ligne droite.

Selon les statistiques de l'IAAF, personne n'a couru plus vite à cette même époque de l'année depuis que le Trinidadien Ato Boldon, alors champion du monde en titre du 200 m, avait signé son record personnel (9,86) le 19 avril 1998.

«Je suis en avance sur mon programme par rapport à la saison passée (quand il avait couru en 9,82 à deux reprises en septembre) mais coach Mills me retient un peu», a prévenu le plus sérieusement du monde Blake, qui a marqué quelques points au plan psychologique. Désormais, un Bolt averti en vaut deux.

«Voyage d'affaires en Europe»

Mais plus que la mise en action tardive de «L'Éclair» en 2012, c'est l'affaire du «voyage d'affaires en Europe» en février qui a fait jaser.

Son clan a d'abord cherché à cacher le fait que le Jamaïcain était allé en dernière minute passer un bilan de santé à Munich (Allemagne), chez le célèbre médecin sportif Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, ce qui l'a d'ailleurs contraint à annuler ses deux premières sorties de la saison en février, mais ce camouflage a eu pour effet de faire naître des rumeurs de blessure.

«Usain est en bonne santé et sa préparation suit son cours comme prévu», a affirmé toutefois à l'AFP son manageur d'affaires Norman Peart, qui est aussi son mentor depuis ses années de lycéen à Trelawny (nord de la Jamaïque).

«Ce n'est pas inhabituel pour lui de débuter sa saison si tard, a-t-il ajouté. En 2008, il n'avait couru qu'une seule fois avant le mois de mai (avant de rafler trois titres olympiques et trois records du monde du sprint).»

La prochaine sortie de Bolt aura lieu à Kingston le 5 mai, sur une distance à préciser. Puis il y aura Ostrava (25 mai/100 m), Rome (31 mai/100 m), Oslo (7 juin/100 m) et Monaco (20 juillet/200 m), sa dernière course avant Londres.