Champion du monde en salle du triple saut, avec le record du monde, champion de France en plein air et troisième performeur de l'histoire, Teddy Tamgho bondit jeudi à Barcelone vers le titre européen et un incroyable grand chelem en 2010.

À 21 ans, le Francilien vit une année idéale. Et ses qualifications mardi dans le stade olympique de 1992 laissent planer peu de doute sur sa supériorité en Catalogne.

Diminué par un décollement de l'aponévrose à un mollet, subi lors des «France», le 9 juillet, Tamgho a fait preuve d'une impressionnante facilité. À sa deuxième tentative, le sauteur français n'a même pas eu besoin de mettre les fesses dans le sable, retombant pieds joints à 17,37 m, soit 11 cm de moins que le meilleur saut de tous ses rivaux réunis cet été (17,48 m). C'est dire la marge.

La guerre des nerfs

Depuis le début de la saison estivale, il a même effectué sept bonds au-delà de ces 17,48 m, réussis par le champion du monde britannique Phillips Idowu.

«En finale, c'est la guerre des nerfs, on cherche à sauter plus loin que l'autre. Ce n'est pas le plus physique qui va gagner. Ce sera celui qui arrivera à gérer au mieux la pression», décrivait-il mardi soir en rythmant ses propos aussi vite que les chansons de rap qu'il écrit.

La pression ? Tamgho ne la subit pas, il la dompte.

Aux Mondiaux en salle en mars, il est deuxième avant son dernier saut. Résultat? Champion du monde et record du monde (17,90 m) sur l'ultime bond.

Début mai, on lui assure qu'il commet une grave erreur en quittant son entraîneur Jean-Hervé Stievenart pour travailler seul. Résultat? Cinq semaines plus tard, il devient le troisième performeur de l'histoire à New York (17,98 m).

Ces dernières semaines, on s'inquiète des conséquences de sa blessure lors des «France». Résultat? Il rassure mardi en «qualif» et répondra jeudi soir.

Mme Tamgho dans tous ses états

«Là, on arrive à un stade où tout le monde va se lâcher. Si j'ai envie de gagner, il va falloir aller très loin. Il faudra débrancher le cerveau, ne plus penser au saut mais à être un sprinteur», prédit-il.

«Tout le monde!». Tamgho est bien gentil d'inclure tous ses adversaires comme étant capables de le battre. Seuls deux ou trois garçons paraissent en mesure de pouvoir profiter d'un «jour sans» ou d'une blessure du Français.

Idowu d'abord. «C'est le grand frère de la disicpline», décrit Tamgho, passionné par sa discipline au point d'être quasiment incollable sur ses prédécesseurs et les palmarès. Idowu a l'expérience de ses 31 ans et de ses podiums (1 titre mondial en 2009, 1 titre mondial en salle en 2008, 1 médaille d'argent aux JO 2008).

Il y a aussi Benjamin Compaoré, l'ami. Tamgho aime tellement son compère qu'il insiste depuis plus de deux ans pour dire que le vrai rival c'est lui.

Les deux Français pourront même compter sur le soutien de leurs mères puisque les deux dames ont fait le déplacement ensemble.

À Doha pour le titre en salle en mars, Mme Tamgho avait mis un temps fou à se remettre de l'exploit de son petit. Le fiston pourrait bien encore mettre sa mère dans tous ses états jeudi soir.