Un record s'incrustait dans le grand livre de la Fédération québécoise d'athlétisme. Celui du 1500 mètres masculin, établi par Dave Hill en 1977. Olivier Collin, 21 ans, l'a discrètement fait tomber lors d'un meeting en Belgique, le 5 juin dernier. Portrait d'un espoir du demi-fond.

Ce n'est qu'en revenant du stade, en ouvrant sa boîte de courriels, qu'Olivier Collin a appris qu'il venait de réaliser un petit exploit. Plusieurs le félicitaient pour son record québécois de 3:38,25 inscrit lors de sa victoire au 1500 mètres du meeting international des Flandres, en Belgique, le 5 juin dernier. L'ancienne marque était détenue par Dave Hill depuis... 33 ans.

«Honnêtement, je ne savais pas que j'avais battu ce record-là. Oui, j'ai battu un record. Maintenant, le prochain que je veux battre, c'est le mien», a simplement réagi Collin, joint jeudi dernier aux Pays-Bas, où il séjourne pour une série de quatre meetings européens.

Il faut dire que le jeune homme de Saint-Lazare était déjà suffisamment excité. Ce chrono améliorait de huit secondes son meilleur temps personnel, enregistré l'an dernier à Sherbrooke. À sa première expérience dans une compétition senior en Europe, il a bien profité du travail des deux lièvres kényans embauchés par les organisateurs.

«C'est le fun de voir qu'après 33 ans, on est capables de faire descendre un record, a ajouté Collin. Ça poussera peut-être l'athlétisme (québécois) à un autre niveau.»

Âgé d'à peine 21 ans - et après seulement trois ans et demi d'entraînement «sérieux», selon ses propres dires - Collin trône au sommet du palmarès canadien de 2010. Sur le plan mondial, il occupe le 59e rang.

Il avait déjà annoncé ses couleurs en brisant la barrière du quatre minutes sur le mile (3:57,25), fin avril, en Californie. Il est le premier Québécois à y parvenir depuis Hill en 1977.

Collin attribue cet excellent début de saison à une fructueuse période d'entraînement de trois, quatre mois. «C'est la première année où je peux m'entraîner adéquatement, sans blessure», a expliqué le finissant en techniques policières. Il a séjourné deux fois en Californie, où il s'installera de façon permanente l'automne prochain. Il a reçu une bourse d'études complètes de l'université Fresno State. Il y étudiera l'administration et défendra les couleurs des Bulldogs en cross-country et sur la piste.

Une bonne attitude

Fils de militaire, Collin est né en Alberta et a été élevé en Ontario, où il a tâté du cross-country. Arrivé au Québec il y a cinq ans, il jouait au soccer de façon récréative quand il a été remarqué par Claude David, entraîneur au club d'athlétisme de Vaudreuil-Dorion. Des blessures récurrentes aux chevilles ont convaincu Collin d'abandonner le ballon rond pour les crampons.

Un talent supérieur? «Il était comme tout le monde, mais il avait une bonne attitude, une énorme volonté, se souvient Claude David. Pas une volonté égoïste, précise le coach. Il est persévérant et il prend les moyens pour réussir. Il a un but et c'est là qu'on va.»

Collin avait déjà donné une mesure de sa valeur en participant aux Mondiaux juniors de 2008, en Pologne. Il avait été éliminé en demi-finale du 800 mètres. Il partage toujours ses efforts entre le 800 et le 1500m. Samedi dernier, aux Pays-Bas, il a franchi les deux tours de piste en 1: 47,38, une amélioration de plus de deux secondes par rapport à l'an dernier.

«Je me suis toujours fait dire que j'avais plus d'avenir sur 1500 mètres, sauf que j'ai parti ma carrière en athlétisme sur 800, dit Collin. C'est sûr que je vais continuer à faire du 800 pour améliorer mon 1500.»

Lucide, il ne veut pas brûler les étapes. Bien sûr, il songe aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. Mais il préfère se concentrer sur ses prochains rendez-vous en Europe, les championnats continentaux NACAC (U23), début juillet, en Floride, et les championnats canadiens de Toronto, deux semaines plus tard.

«Une étape à la fois, je ne suis pas pressé, insiste Collin. Les Jeux olympiques, si ça arrive, ça arrive. Je ne veux pas aller trop vite.» Sauf sur la piste.

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Un titre à conquérir

Avec le retrait progressif de Kevin Sullivan, le titre de monarque canadien du 1500 mètres est à conquérir.

Invité à commenter son premier rang provisoire au palmarès national de 2010, le Québécois Olivier Collin n'a pas manqué de souligner l'absence de Nathan Brannen, blessé.

Champion canadien, l'Ontarien de 27 ans a récemment pris part à un camp en altitude en Arizona, mais il n'a pas repris l'entraînement spécifique au 1500 mètres. Brannen espère reprendre la compétition aux championnats canadiens de Toronto, fin juillet, même si son entraîneur privilégie la prudence.

Sullivan, 36 ans, se remet lui aussi d'une blessure et a repris l'entraînement léger depuis quelques semaines. Mais on ne le reverra pas avant 2011, peut-être sur 5000 m.

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Le 1500 mètres en chiffres

Record mondial: 3:26,00 Hicham El Guerrouj, 14 juillet 1998

Record canadien: 3:31,71 Kevin Sullivan, 30 juin 2000

Record québécois: 3:38,25 Olivier Collin, 5 juin 2010

Ancien record québécois: 3:39,20 Dave Hill, 4 septembre 1977