Après avoir injecté des doses de drogue pour améliorer la performance de leurs athlètes lors des Jeux olympiques de Montréal, les autorités est-allemandes ont jeté les substances et seringues inutilisées dans le fleuve Saint-Laurent, selon des documents récemment découverts.

La République démocratique allemande a surpris le monde entier aux Jeux olympiques de 1976 en remportant 40 médailles d'or, terminant ainsi au deuxième rang, tout juste derrière l'Union des républiques socialistes soviétiques.

Après la chute du mur de Berlin, il y a 20 ans ce mois-ci, des révélations de dopage généralisé au sein des athlètes est-allemands sont apparues, ce qui a mené à des procès et à des compensations pour les athlètes ayant été dopés aux stéroïdes hormonaux à leur insu.

Une découverte chanceuse dans les archives de la Stasi, l'agence de renseignements de la République démocratique allemande, a permis à un professeur d'histoire de l'Université de Waterloo, en Ontario, de mettre la main sur un document de 95 pages portant sur les opérations de la police secrète est-allemande lors des Jeux olympiques de Montréal.

Gary Bruce a ainsi trouvé un rapport final sur les Jeux indiquant qu'environ 10 mallettes d'emballages médicaux, d'aiguilles et d'instruments tubulaires, notamment, ont été jetées dans le fleuve Saint-Laurent.

Selon M. Bruce, huit des neuf pages du rapport ont disparu - probablement détruites lors d'une vaste opération de purge menée par la Stasi à la fin de la Guerre froide pour éliminer des documents secrets. Mais l'historien assure n'avoir aucun doute sur l'objet de la note de service.

«Il n'est pas inhabituel de détruire des médicaments, ou de les jeter dans le fond d'une rivière», a-t-il dit.

Les documents démontrent clairement que le chef de la Stasi d'alors considérait les Jeux olympiques comme un moyen pour améliorer la place de l'Allemagne de l'Est dans le monde. Erich Mielke voulait s'assurer du bon déroulement des événements sur les terrains de compétition et éviter que des pépins ne surgissent après les Jeux.

M. Mielke avait nommé Markus Wolf, le chef de la branche de l'espionnage à l'étranger de la Stasi, à la tête d'une opération contrôlée de près qui visait à suivre les athlètes est-allemands durant les années précédant la tenue des Jeux olympiques, de même qu'au cours des 16 jours de l'événement sportif.

La Stasi craignait particulièrement les défections et elle tentait de dénicher tout signe de déloyauté de la part des athlètes est-allemands.

Selon les documents d'archive, la Stasi disposait de 67 informateurs parmi les 511 sportifs professionnels représentant la République démocratique allemande, soit un ratio de plus d'un agent pour chaque 10 athlètes.