Après des mois de réadaptation loin des tatamis et des gymnases, Georges St-Pierre a reçu le feu vert pour revenir à l'entraînement. Il a recommencé depuis une semaine avec une routine améliorée. Le but? S'entraîner de manière plus intelligente et efficace afin de redevenir au plus vite champion du monde.

«Pop, pop, pop», le bruit des coups dans les mitaines est sourd et régulier. Difficile de croire que l'athlète à la tête rasée et au corps affûté qui lance ces bombes revient d'une grave blessure au genou droit. Ses jambes jaillissent du sol comme un ressort. La gauche, la droite, coup de pied, coup de genou. «Pop, pop, pop...»

Georges St-Pierre, l'un des plus grands champions de l'histoire de l'UFC et des arts martiaux mixtes, revient pourtant de loin. Il a été victime l'hiver dernier d'une grave déchirure du ligament croisé antérieur. Après être passé le 13 décembre sous le bistouri d'un des chirurgiens américains les plus réputés, il a entamé une interminable réadaptation.

Loin des gymnases et de l'action, St-Pierre a trouvé le temps long. «C'est magnifique de recommencer! Ça me manquait comme c'est pas possible, a expliqué St-Pierre à La Presse, vendredi, dans un gymnase du Vieux-Montréal. C'est la première fois que je suis arrêté pendant sept mois, ça ne m'était jamais arrivé. Et je fais des sports de combat depuis l'âge de 7 ans...

«Je ne suis pas à 100 % encore. Mon genou l'est, c'est mon système nerveux qui ne l'est pas, a précisé St-Pierre, couvert de sueur entre un exercice de muay-thaï et un autre de jiu-jitsu. Ça va prendre plusieurs semaines pour me rétablir à 100 %. On va faire ça graduellement pour être certain que je revienne encore plus fort.»

Mais la blessure de GSP n'est pas qu'une parenthèse dans la vie de ce super athlète. Elle a représenté, pour le Québécois, une occasion de tout remettre en question. «J'ai travaillé sur plusieurs trucs pendant que j'étais blessé, j'ai pris des notes, j'ai médité sur des choses et j'ai beaucoup appris.»

Dans une entrevue peu de temps après sa blessure, il avait été très clair: il admettait avoir été trop intense. «Au lieu de récupérer, j'ai essayé de revenir trop vite à l'entraînement. Ma petite blessure s'est transformée en grosse blessure, nous a dit St-Pierre cet hiver. Mais je vais changer mon horaire, je vais changer ma façon de m'entraîner. Je vais me donner le temps de récupérer et je vais être plus motivé. Là, ce qui est arrivé, c'est que j'étais vraiment brûlé, physiquement et mentalement.»

La séance de vendredi illustre bien comment le champion compte changer son régime d'entraînement. Sous un seul toit, il a pratiqué le muay-thaï - avec un instructeur venu expressément de Paris -, la boxe et le jiu-jitsu dans une séance de deux heures. Un changement radical pour celui qui était habitué à courir les gymnases aux quatre coins de la ville.

«Il veut maintenant que tous ses entraînements soient efficaces. Traverser l'échangeur Turcot trois fois par jour, ce n'est pas optimal», a expliqué l'un de ses gérants, Rodolphe Beaulieu.

«Avant, Georges, s'il avait le goût de faire un seul entraînement dans sa journée alors que deux étaient prévus, il en faisait deux quand même, a raconté Beaulieu. Parce qu'il se disait: «Si je ne suis pas sur le tapis deux fois aujourd'hui, mon adversaire, lui, va l'être.» Il a compris aujourd'hui que le corps a besoin de se reposer. Il a 30 ans, il n'a plus 20 ans.»

À 31 ans, plus exactement, Georges St-Pierre prépare son retour. Une telle blessure en aurait découragé plus d'un. Mais lui n'attend qu'une chose : la chance de remonter dans l'octogone. Elle viendra idéalement le 17 novembre au Centre Bell, dans le cadre de UFC 154. Mais il admet qu'à Montréal ou ailleurs, l'important pour lui est de combattre.

Son adversaire sera Carlos Condit, un Américain de 28 ans qui a profité de la blessure de GSP pour gagner le titre intérimaire de l'UFC chez les mi-moyens. À un moment vendredi, on a demandé à St-Pierre ce qu'il pensait de Condit. «Je vais le battre, Condit», a tranché le champion, sans la moindre hésitation.

GSP est resté confiant comme avant. Il y a heureusement des choses qui, elles, ne changent pas.