Tokyo s'est portée candidate à l'organisation des Jeux olympiques 2020 pour donner un coup d'accélérateur au rétablissement du Japon éprouvé par un tsunami et un accident nucléaire.

«Nous voulons faire des JO 2020 le symbole de notre redressement», a déclaré le président du Comité olympique japonais, Tsunekazu Takeda, en annonçant officiellement la candidature samedi, en présence du président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge.

Prétendante malheureuse aux JO 2016, la ville espère cette fois l'emporter pour organiser ses deuxièmes jeux olympiques d'été, après ceux de 1964. Le Japon a en outre accueilli deux fois les Jeux d'hiver, à Sapporo en 1972 et Nagano en 1998.

L'archipel a été frappé le 11 mars par un séisme de magnitude 9 et un tsunami géant qui a dévasté le nord-est de Honshu (l'île principale), faisant près de 21 000 morts.

La catastrophe a provoqué de surcroît un accident nucléaire à la centrale Fukushima Daiichi (située à 220 km au nord-est de Tokyo), ce qui a contraint à l'évacuation de 80 000 personnes et entraîné une pollution radioactive dans la région.

Les conséquences économiques, sociales et morales de ces désastres se font sentir dans l'ensemble du pays.

Mais le président du CIO s'est dit certain que le Japon allait «surmonter cette terrible crise, comme il l'a fait dans le passé», lors d'une cérémonie marquant le centième anniversaire du Comité olympique japonais.

M. Rogge a souligné que le mouvement olympique voulait utiliser «le pouvoir curatif du sport pour aider ceux qui reconstruisent leurs territoires», sans se prononcer sur le fond de la candidature nippone dont il a simplement salué l'annonce comme une «excellente nouvelle».

«Sanglante bataille»

Pour l'organisation des JO 2016, Tokyo avait été battue par Rio de Janeiro. La capitale japonaise avait présenté une candidature «écologique», promettant une ville parsemée d'un million d'arbres et des Jeux sans émission de CO2.

Elle avait mis en avant un projet «compact», avec des sites regroupés au centre-ville et un réseau de transports efficace, permettant à 70% des athlètes de résider à moins de dix minutes de leur lieu de compétition.

Coeur de la plus grande mégapole du monde, Tokyo avait provisionné 400 milliards de yens (environ 4,8 milliards de dollars canadiens) pour les dépenses d'infrastructure, un montage financier salué à l'époque par les experts du CIO.

Le comité avait en revanche pointé le faible soutien populaire accompagnant le projet, un défaut dont Tokyo avait souffert face à la candidature de Rio, portée par le charismatique président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

Au lendemain de la défaite, le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, avait dénoncé des «promesses osées» lancées par Lula aux représentants africains et jugé que sa ville n'avait pas été récompensée à la hauteur de son mérite.

«Nous avons appris de bonnes leçons. Je pense que cela pourra être utilisé par Tokyo (...) pour une prochaine candidature olympique», avait-il ajouté.

Critiqué après l'échec de cette campagne qui avait coûté 15 milliards de yens (environ 181 millions de dollars canadiens), M. Ishihara, 78 ans, a fait de la réussite de cette nouvelle tentative l'un des principaux objectifs de son quatrième mandat à la tête de Tokyo, dont il vient être réélu gouverneur en avril.

«Le Comité olympique japonais devra remporter une sanglante bataille» face aux autres prétendantes, a prévenu samedi ce trublion de la politique japonaise, connu pour ses positions populistes et son franc-parler.

Madrid, candidate défaite pour les JO 2012 et 2016, et Rome se sont déjà mises officiellement sur les rangs pour 2020. Istanbul et Doha envisagent de se présenter.

Les postulantes ont jusqu'au 1er septembre pour se faire connaître. La ville-hôte sera désignée par le CIO à Buenos Aires en septembre 2013.