L'escrimeuse Sandra Sassine parlait comme une retraitée à l'issue des Jeux olympiques de Pékin. À 28 ans, elle croyait avoir fait le tour. Elle en avait surtout assez de jongler avec trois ou quatre emplois pour boucler ses fins de mois. Non seulement y parvenait-elle difficilement, elle s'était endettée pour vivre sa passion jusqu'au bout. Aucun regret, mais il était temps de se consacrer à sa carrière d'enseignante en éducation physique.

Deux ans plus tard, Sassine manie toujours le sabre. Ces temps-ci, elle se prépare fébrilement pour les championnats du monde d'escrime, qui seront présentés du 4 au 13 novembre à Paris. Qu'est-ce qui a changé? L'argent et un meilleur soutien.

«J'ai hésité après les Jeux. J'ai vraiment décidé de continuer parce qu'on a tous les outils en place en ce moment pour vraiment performer, se concentrer seulement sur l'escrime. Quand je me le suis fait proposer, ça a fait: let's go!» a expliqué Sassine lors d'une entrevue récente.

En vue des Jeux olympiques de Londres, en 2012, l'épreuve de sabre a été ciblée comme un potentiel de médaille par les décideurs du programme À nous le podium. Un entraîneur renommé a été embauché et Escrime Canada peut maintenant couvrir les coûts des compétitions de ses meilleurs athlètes, dont Sassine.

Tout un contraste avec le cycle olympique précédent. La Montréalaise devait alors tout payer, tout organiser et se débrouiller sans entraîneur à l'étranger. Tout en étant entraîneuse d'escrime, de badminton et en faisant de la suppléance dans les écoles.

À titre d'athlète «brevetée», Sassine reçoit une allocation annuelle de 18 000$ de Sport Canada. Au niveau provincial, elle reçoit une bourse de 6000$ grâce au programme Équipe Québec, né en 2003 et jalousé dans le reste du Canada. S'ajoute un crédit d'impôt remboursable de 4000$. Total: 28 000$, à l'abri de l'impôt.

La sabreuse de 31 ans est aussi ambassadrice pour le programme Athlètes olympiques de RBC: «Je donne des conférence à des employés, des clients, dans des écoles, en représentant la banque. Je suis payée cinq heures par semaine, et c'est un salaire qui rentre même si je suis en compétition ou en camp d'entraînement. C'est incroyable pour moi.»

D'un côté, de meilleurs revenus, plus stables. De l'autre, moins de dépenses en raison d'un plus grand soutien. Si tout se déroule bien, Sassine participera donc à ses deuxièmes Jeux olympiques à Londres, en 2012. Elle aura 32 ans. Dans un sport comme l'escrime où l'expérience tactique est cruciale, cela représente un atout considérable.

«Je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas eu ce soutien-là, affirme la médaillée d'argent des championnats panaméricains, en août dernier. Je ne fais pas d'argent, mais je peux vivre de ça, sans m'endetter.»