Les cartes sont enfin tombées dans l'Atlantique sud pour les meneurs du Vendée Globe. Sébastien Josse (BT) et Loïck Peyron (Gitana 80) en ressortent gagnants et sont maintenant respectivement 1e et 2e au classement tandis que du coté des perdants, aucun doute que Jean Le Cam n'a pas eu dame chance de son côté.

Josse et Peyron auront trouvé le «trou de souris» nécessaire pour distancer leurs rivaux par pratiquement 60 milles et sont maintenant à 15 milles l'un de l'autre en direction du cap de Bonne Espérance.

Josse se disait satisfait de sortir d'une situation météo vraiment difficile en compagnie de son «copain» Loïck, mais plus particulièrement de revenir à une navigation au portant (vent arrière) qui est la navigation pour laquelle les bateaux du Vendée Globe sont conçus.

Pour les skippers, première chance de vivre à plat, d'arrêter d'entendre le bateau souffrir à taper dans les vagues et de permettre un peu de sommeil réparateur depuis maintenant 8 jours.

C'est sur un ton de voix détendu que Josse expliquait faire les derniers arrangements et vérifications avant l'entrée officielle dans les mers du sud qui ne seront pas, comme lors de chaque Vendée Globe, une partie de plaisir.

Josse avoue qu'il se soucie peu des vents et tempêtes qui peuvent être d'une violence inouïe dans ces eaux, mais par contre il s'inquiète particulièrement des glaces.

L'aventure de Josse lors de l'édition 2004/2005 avait failli tourner au drame alors que son bateau avait percuté un «growler», ces petits icebergs pratiquement indétectables, de 20 m2 ou moins de surface et qui sont à moins d'un mètre hors de l'eau. Josse avait été extrêmement chanceux à l'époque puisque bien que le contact eut été sévère, son bateau n'avait subi que des dommages de surface.

Il aurait pu aussi bien couler à pic en moins de 5 minutes et il est clair qu'il garde un mauvais souvenir de l'expérience.

Le pari de Jean Le Cam (VM Matériaux) n'a finalement pas payé. C'est lui qui s'est retrouvé le plus près du centre de l'anticyclone et il n'a pas eu le choix d'empanner plusieurs fois afin de sortir des mous associés au centre de la zone. Il est maintenant 8e au classement avec plus de 90 milles de retard sur le meneur.

Comble de malheur, l'ami Jean s'est retrouvé en situation difficile samedi alors que malgré la proximité de sa position en zone supposément calme, il s'est tapé une mer hachée très difficile qui aura probablement été formée par une tempête passée et qui lui aura rendu la journée bien difficile.

Le Cam, marin d'expérience, admettait avoir rarement vu ce phénomène si près du centre d'un anticyclone.

Pour le reste du paquet devant, c'est finalement un virage à gauche avec moins de conséquences que prévu qui aura marqué la première phase critique de la course en matière de stratégie.

Après 8 jours consécutifs de navigation au près, penchés constamment à vingt degrés et après que des milliers de vagues aient frappé leurs bateaux de plein fouet, les skippers sont enfin de retour au portant sous spinnaker et grande voile près des 40e Rugissants et font maintenant cap plein est.

Les marins se dirigent vers la première de huit portes virtuelles, appelée « porte des glaces» », située au sud-ouest du cap de Bonne Espérance pour filer par la suite par l'Océan indien vers les îles Kerguelen dans les 50ème Hurlants. Le parcours sera suivi du cap Leeuwin en Australie pour finalement se taper plus de 7 000 km de Pacifique sud, soit dans les mers les plus hostiles de la planète jusqu'au cap Horn.

Ces « portes des glaces » virtuelles assurent que les marins ne puissent pas raccourcir leur route au détriment des autres en allant trop au sud et minimisent (donc n'éliminent pas) le risque de collision avec les icebergs qui se détachent de la banquise antarctique.

Il est aussi important de noter que ces portes peuvent être déplacées en tout temps par la direction de course à la suite de l'étude de la densité des glaces dans certains secteurs.

Finalement, ces portes forcent les navigateurs à se tenir en zone atteignable pour les équipes de secours sud-africaines, australiennes et néozélandaises. Lors des éditions passées, il est arrivé régulièrement de voir les navigateurs être tellement au sud de la terre ferme que les avions et hélicoptères de secours étaient incapables de faire l'aller-retour sans manquer de carburant, laissant les navigateurs à eux-mêmes en cas de situation d'urgence.

Les mers du sud sont légendaires pour leurs tempêtes violentes et leurs vagues déchaînées de hauteurs gigantesques dans des eaux tout simplement glaciales.

Certains marins adorent, certains sont indifférents et d'autres craignent et respectent l'endroit.

Le premier tiers de la course nous a donné des moments fantastiques qui feront les annales de la voile pour longtemps.

C'est maintenant la phase légendaire du Vendée Globe qui démarre avec un peloton de dix skippers collés les uns aux autres.

Rien n'est joué et comme le disent souvent les marins, pour l'instant, il faut garder le cap sur ses espérances.

Les positions + retard sur le 1er (milles nautiques)

1- Sébastien Josse -FRA (BT),

2- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), 14.2

3- Vincent Riou-FRA (PRB), 58.0

4- Yann Eliès-FRA (Generali), 58.5

5- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 58.8

6- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 60.1

7- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 82.8

8- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 92.4

9- Mike Golding-GB (Ecover), 97.1

10- Marc Guillemot-FRA (Safran), 158.1

11- Dominique Wavre-SUI (Temenos), 213.7

12- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 244.3

13- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 266.1

14- Samantha Davies-GB (Roxy), 299.4

15- Dee Caffari-GB (Aviva), 380.2

16- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 468.1

17- Steve White-GB (Toe in Water), 599.8

18- Jonny Malbon-GB (Artemis), 649.3

19- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), 714.2

20- Rich Wilson-USA (Great American), 755.2

21- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), 803.5

22- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 1035.1

23- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 1290.1

24- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 1468.68

25- Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), 1484.8

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), Abandon

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), Idem

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem