«Homme de paix», «francophile», «philanthrope» et «pince-sans-rire»... Voilà comment les proches de Ben Weider se souviendront du célèbre culturiste et homme d'affaires montréalais, qui s'est éteint vendredi à l'âge de 85 ans.

«C'était une légende vivante, un homme passionnant», a confié l'ancien chef de la police de Montréal Jacques Duchesneau au sujet de son vieil ami, qu'il considérait comme un frère. «Il a rencontré tous les grands de ce monde, et partout où il passait les gens voulaient se faire photographier avec lui. C'était un véritable ambassadeur, qui voulait promouvoir la paix à travers le sport.»

 

Ben Weider est né dans le village de Saint-Lin, dans les Laurentides, de parents juifs polonais. Lorsqu'il a 6 ans, sa famille s'installe rue Coloniale, à Montréal. Dans les années 40, avec son frère Joe, il fonde son entreprise d'équipement de musculation, et dans la foulée, met sur pied la Fédération internationale de culturisme, aujourd'hui implantée dans plus de 170 pays. C'est d'ailleurs lui qui fera la découverte d'Arnold Schwarzenegger.

Ben Weider est également connu pour sa passion pour l'histoire de Napoléon Bonaparte. Il est le président fondateur de la Société napoléonienne internationale et s'est battu toute sa vie pour défendre la thèse selon laquelle l'empereur a été empoisonné à l'arsenic. Il a rédigé plusieurs ouvrages à ce sujet.

Selon l'auteur Victor Lévy-Beaulieu, autre ami de longue date, Ben Weider brillait par sa générosité. «C'était un mécène extraordinaire, dit-il. Lorsqu'il a publié ses trois ouvrages aux Éditions VLB, il a cédé ses droits d'auteur pour que je puisse publier des auteurs québécois. Contrairement à la plupart des gens riches que j'ai rencontrés, c'était un homme très simple, très noble, et contrairement à plusieurs hommes d'affaires, il était très cultivé.»

Selon Victor-Lévy Beaulieu, Weider était un bourreau de travail qui se mettait à l'ouvrage dès 5h le matin.

«Il est l'un des premiers Québécois à être devenu multimilliardaire. Son entreprise compte une centaine de succursales dans le monde. Lorsque je lui rendais visite à son bureau, c'était toujours très impressionnant de voir sa carte avec des voyants rouges s'allumer lorsqu'il recevait des appels en provenance de partout sur la planète.»

L'animateur Gilles Proulx s'est lié d'amitié avec Ben Weider en 1984. Il se souviendra de son ami surtout comme d'un grand pacifiste et d'un grand francophile. «C'était un homme extraordinaire. Il était juif, mais il a offert un gymnase à la communauté palestinienne parce qu'il voulait promouvoir la paix grâce au sport. Cela ne l'a pas non plus empêché de donner un million de dollars pour refaire le parvis de la cathédrale de Montréal. Il a été mis en nomination pour le prix Nobel de la paix, ce n'est pas rien.»

Le vice-président directeur de la Société napoléonienne internationale, David Markham, a appris le décès de son ami et mentor hier, à Philadelphie, où il assistait à un congrès sur Napoléon Bonaparte.

«Ben est l'une des rares personnes qui a eu un impact majeur dans autant de domaines. Il était très respecté. Lorsque nous avons appris sa mort au congrès, tout le monde s'est levé et a chanté La Marseillaise. C'était le genre d'homme qui méritait de tels honneurs.»

Ben Weider est mort subitement à l'Hôpital général juif de Montréal. Dans les jours précédents, il s'était plaint d'une grande fatigue. Ses funérailles auront lieu demain à Montréal.