Dès son jeune âge, le triathlète Alexis Lepage a eu un parcours scolaire parsemé d'embûches. Après un diagnostic de dyslexie et de dysorthographie, le garçon a été placé en classe adaptée dès la troisième année. Au fil des ans, on lui a répété qu'il ne serait probablement jamais diplômé, qu'il n'irait pas bien loin dans la vie. C'était mal le connaître.

«J'ai toujours continué de croire en moi, mes parents aussi. Ils m'ont toujours poussé vers l'excellence. J'ai travaillé de plus en plus fort. Il y a quelques semaines, j'ai complété mon baccalauréat à l'Université Laval, a-t-il annoncé fièrement hier, en conférence de presse. C'était un objectif de vie que je m'étais fixé, je voulais montrer aux sceptiques qu'ils avaient tort.» Ses commentaires ont suscité des applaudissements dans la salle.

Piqué au vif par les gens qui ne croyaient pas en lui, Lepage, aujourd'hui 24 ans, estime avoir développé une détermination et une motivation sans pareilles pour « toujours aller plus loin ». Dans la vie comme dans le sport. Ça a fait de lui un meilleur athlète, soutient celui qui entamera une maîtrise en administration dans quelques semaines.

Meilleur triathlète du Québec sur distance olympique (1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course à pied), Alexis Lepage participera pour la troisième fois au Triathlon international de Montréal ce dimanche. L'an dernier, il avait terminé 29e.

«C'est une priorité dans mon calendrier. Tout a été pensé pour que je sois au sommet de ma forme à la fin août, pour Montréal. C'est l'opportunité pour moi de briller devant ma famille, mes amis, ma copine.»

Lepage, qui rêve de Jeux olympiques, a connu une saison faite de hauts et de bas. «J'ai été très malade après avoir contracté une bactérie dans de la nourriture au Maroc. Je n'ai pas fait autant de compétitions que je le voulais. Je n'étais pas en mesure de courser à mon plein potentiel.» Remis de cette mésaventure, il se dit fin prêt pour Montréal. Ce sera l'occasion d'accumuler des points en vue des sélections pour les Jeux de Tokyo 2020.

«J'aimerais battre mon résultat de l'an passé, mais je ne veux pas me mettre de pression inutile. J'essaie de me concentrer sur ce que j'ai à faire. Je veux m'amuser et donner tout ce que j'ai, le résultat viendra avec. Je suis bien ici.»

Un habitué

L'athlète filiforme, qui mesure 6 pi 4 po, est maintenant habitué au parcours montréalais. Cette huitième étape de la Série mondiale de triathlon semble ne pas avoir de secret pour lui. « À Montréal, on nage dans le fleuve. Il y a un courant au moment où on passe le quai Jacques-Cartier. C'est important de bien connaître les eaux, les courants. La natation sera très technique. » La transition vers le vélo peut aussi jouer des tours.

«Il y a une bonne montée à faire en course à pied. Il faut se garder un peu de jus pour être capable de bien monter et de ne pas perdre trop de temps.»

Le parcours de vélo n'est pas particulièrement difficile, souligne Lepage. «C'est un parcours technique, pas ultra-exigeant en termes d'efforts à produire. Par contre, il faut vraiment essayer de rester plus vers l'avant parce qu'à certains endroits, ça devient assez étroit et ça a tendance à faire un élastique. Si on reste devant, on économise plus d'énergie.» Les jambes des athlètes seront à coup sûr testées sur le parcours de course à pied. «Il y a une bonne côte, assez à pic, qu'on va monter quatre fois. C'est là que ça va faire le plus mal aux jambes.»

Si la météo fait des siennes, comme le prévoient les météorologues, il optera pour un vélo avec freins à disques et «des pneus ayant une meilleure adhérence, pour éviter les chutes». Et quoi qu'il arrive, Lepage pourra assurément compter sur les encouragements de la foule, qu'on attend nombreuse. Avec ou sans parapluie.

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Triathlon international de Montréal

Triathlon international de Montréal: les nouvelles du jour

Baptême pour Charles Paquet

À 21 ans, Charles Paquet compte parmi les jeunes espoirs du triathlon au pays. Dimanche, le triathlète de Port-Cartier fera son entrée en séries mondiales. «Je suis vraiment fébrile, c'est un stress parce que c'est un niveau supérieur à ce que j'ai connu et j'en suis seulement à ma troisième compétition sur la distance. On verra ce que ça donne, sans pression.» Il sera du départ avec son idole, l'Espagnol Mario Mola. «Ce sera spécial d'être de la même compétition que lui!»

Forfait d'Amélie Kretz

Seule Québécoise inscrite à la compétition, Amélie Kretz, 25 ans, a déclaré forfait mercredi. Lors d'un entraînement de course à pied, elle s'est blessée à la cheville. L'athlète de Sainte-Agathe-des-Monts, 47e au classement, misait gros sur cette étape des Séries mondiales de triathlon, après une saison en dents de scie. En juillet à Edmonton, elle avait été contrainte à l'abandon.

Athlètes à suivre

Gagnante en 2017, l'Australienne Ashleigh Gentle tentera de défendre son titre. Treizième au classement, elle connaît une saison couci-couça. «Je n'aurai pas la pression d'être la favorite», se réjouit-elle. En tête du classement féminin, l'Américaine Katie Zaferes sera à suivre, tout comme la Britannique Vicky Holland. Côté masculin, seront présents: le champion du monde Mario Mola (Espagne), le médaillé de bronze olympique Henri Schoeman (Afrique du Sud) et Kristian Blummenfelt (Norvège). Le Canadien Tyler Mislawchuk, 11e au classement, y sera aussi.

Record d'inscriptions

«On attend jusqu'à 1200 participants au volet participatif, c'est une hausse de 20 % du nombre d'inscriptions par rapport à l'an dernier. Depuis trois ans, on prouve que le triathlon est un sport accessible pour tous les âges et tous les niveaux», indique Patrice Brunet, président et chef de la direction du Triathlon international de Montréal. Plusieurs personnalités participent (surtout en équipes), dont Marianne St-Gelais, Alexandre Despatie et Benoit Huot. À noter que l'an prochain, l'événement sera présenté le 29 juin.

Qualité de l'eau

La question de la qualité de l'eau revient souvent à Montréal, note M. Brunet, qui se fait rassurant. «L'eau du fleuve est de bonne qualité. Elle est tout à fait baignable et respecte toutes les exigences.» Plusieurs tests ont été effectués depuis un an, dont un la semaine dernière. L'International Triathlon Union (ITU) a des normes très élevées, établies en conformité avec celles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).