Vous vous souvenez d'Oleg Petrov comme meilleur compteur du Canadien ? D'un Trevor Linden vieillissant qui jouait plus de 20 minutes par match ? De Tomas Kaberle comme défenseur le plus utilisé en avantage numérique ?

On ne le réalise peut-être pas, mais à l'image du Canadien de 2000-2001 ou de 2011-2012, l'édition actuelle du Tricolore est en train d'écrire plusieurs pages d'histoire. Le genre de pages d'histoire dont les partisans se souviendront en riant autour d'un martini dans un bar branché de Tétreaultville en 2028 (parce qu'on vous annonce en primeur que le métro Honoré-Beaugrand sera hip dans 10 ans).

Quelles sont donc ces anomalies statistiques du Canadien de 2017-2018 ?

Si la tendance se maintient, c'est le nombre de points qu'obtiendra le meilleur pointeur du Canadien actuellement, Alex Galchenyuk (22 points en 40 matchs). Si on exclut les deux saisons écourtées (1995 et 2013), il s'agirait du plus petit total de points pour un premier pointeur du CH depuis Billy Reay en 1948-1949. Reay avait lui aussi amassé 45 points. Mais à l'époque, le calendrier comptait 60 matchs. Notons que même s'il vient au premier rang des siens, Galchenyuk produit en deçà de son rythme habituel.

Le plus étrange dans tout ça, c'est que le pauvre Galchenyuk mène son équipe pour les points même s'il vient au neuvième rang des attaquants du CH pour le temps d'utilisation (15 min 3 s). Max Pacioretty compte donc un point de moins, tout en jouant en moyenne quatre minutes de plus. Andrew Shaw, vaillant soldat aux capacités offensives limitées, a droit à une grosse minute de plus que Galchenyuk et joue autant que lui en avantage numérique. Idem pour Artturi Lehkonen, en panne offensive cette saison même s'il fait plusieurs bonnes choses qui n'apparaissent pas dans les statistiques.

C'est le poids moyen des trois meilleurs marqueurs du Canadien : Brendan Gallagher (15 buts), Andrew Shaw et Paul Byron (10 buts chacun). Ces trois attaquants méritent tout le succès qu'ils obtiennent, car ils travaillent sans relâche et sont prêts à sacrifier leur corps pour marquer des buts. Mais cette réalité en dit surtout long sur les difficultés de Max Pacioretty, Alex Galchenyuk et Jonathan Drouin. On ne confondra jamais ces trois attaquants avec Scott Hartnell, mais ils sont néanmoins dotés d'habiletés supérieures et d'un plus gros gabarit que Gallagher, Shaw et Byron.

C'est la proportion de matchs du Canadien auxquels a participé Joe Morrow jusqu'ici (24 sur 40). Morrow a passé l'essentiel de la saison 2016-2017 dans les gradins. Sa valeur était rendue si basse que les Bruins de Boston, l'été dernier, ont carrément refusé de lui soumettre une offre qualificative et ont donc abandonné leurs droits sur lui. Devenu joueur autonome, il s'est contenté d'un contrat d'un an au salaire minimum. Dans ces circonstances, il ne fallait pas s'attendre à des miracles de sa part. Or, il est désormais le défenseur numéro 2 en avantage numérique. L'Albertain a aussi été en uniforme pour des séquences de 13 et 7 matchs de suite, et ce, même s'il multiplie les erreurs et les pénalités. Le vide créé par la simple absence de Shea Weber fait peur.

C'est le temps d'utilisation moyen de David Schlemko jusqu'ici. Schlemko, rappelons-le, n'a pas été protégé par les Sharks de San Jose au repêchage d'expansion, ce qui a permis à l'équipe de Vegas de le réclamer. Les Golden Knights, bourrés de défenseurs de troisième duo, en ont échangé quatre. Celui qui a généré le plus petit retour : Schlemko, qui leur a valu un choix de cinquième tour. Ce même Schlemko a disputé tous les matchs du CH depuis son retour au jeu le 29 novembre, sauf deux en raison d'un virus. Il joue toujours au minimum 15 minutes, quand ce n'est pas 20 (c'est arrivé quatre fois en 13 matchs jusqu'ici).

C'est le nombre de points du plus haut salarié parmi les attaquants de l'équipe, Tomas Plekanec. L'entraîneur-chef Claude Julien semble avoir fait son deuil d'une production offensive soutenue de sa part, puisqu'il ne l'utilise pas en avantage numérique. Et il est vrai que Plekanec continue à bien remplir ses missions défensives. Mais il y a un coût pour ce type de joueur, coût que le directeur général Marc Bergevin a clairement surévalué quand il a accordé un contrat de deux ans au Tchèque en octobre 2015. D'après CapFriendly, Plekanec est l'un des 56 attaquants de la LNH à valoir 6 millions ou plus cette saison sous le plafond salarial. Du lot, si on exclut les blessés, Plekanec a le plus petit total de points, à égalité avec Matt Duchene. Heureusement pour le DG qu'il a tout cet espace sous le plafond salarial pour absorber un aussi lourd contrat.