La passion de Donald Trump pour le sport et Twitter est un cocktail explosif pour le président américain qui vilipende régulièrement sportifs et athlètes dans ses messages.

Le locataire de la Maison-Blanche s'est plusieurs fois attaqué à des joueurs de basket et de football américain. Mercredi, il s'en est pris à l'excentrique homme d'affaires LaVar Ball, surtout connu pour être le père de trois basketteurs promis à un brillant avenir.

«Idiot ingrat», a asséné M. Trump, furieux que M. Ball ait remis en question son rôle dans la libération de son fils LiAngelo. Le joueur de l'Université de Los Angeles (UCLA) avait été arrêté en Chine avec deux autres jeunes pour vol à l'étalage quelques jours avant une visite officielle du milliardaire à Pékin. Le président américain a affirmé qu'il était personnellement intervenu auprès de son homologue chinois Xi Jinping pour les faire libérer.

«Ce n'était pas la Maison-Blanche, le département d'État, ou les soi-disant proches du père LaVar sur place en Chine qui ont évité à son fils une longue peine de prison -C'ÉTAIT MOI», a-t-il écrit dans un message matinal, avant une partie de golf dans sa résidence de Floride où il passe les fêtes de Thanksgiving.

Lundi, l'ire présidentielle avait visé le joueur des Raiders d'Oakland Marshawn Lynch, resté assis lors de l'hymne national avant un match de la NFL. «Quel manque de respect. La prochaine fois, la NFL devrait le suspendre pour le reste de la saison», avait-il publié.

Le contentieux entre Donald Trump et la NFL date de septembre, quand de nombreux joueurs avaient choisi de s'agenouiller pendant l'hymne américain joué avant chaque match. Le geste avait été lancé à l'été 2016 par l'ancien quart-arrière des 49ers de San Francisco Colin Kaepernick, pour protester contre la mort de plusieurs Noirs abattus par des policiers blancs.

Ce geste controversé, pour dénoncer les brutalités policières, les tensions raciales aux États-Unis et parfois le président américain lui-même, est considéré par Donald Trump comme un manque de respect envers l'Amérique.

Sous la ceinture

Il a appelé les propriétaires d'équipes à «virer» les «fils de putes» qui posaient un genou à terre et critiqué le patron de la NFL Roger Goodell, jugé trop laxiste avec les protestataires. Mercredi, il a raillé une idée de M. Goodell qui propose, selon la presse, de laisser les joueurs aux vestiaires pendant l'hymne. «Presque aussi mauvais que s'agenouiller!», a-t-il écrit.

Donald Trump s'en est aussi pris à la prestigieuse NBA et à l'une de ses icônes, Stephen Curry.

Le meneur-vedette des Warriors de Golden State avait affirmé début septembre qu'il déclinerait une éventuelle invitation du président à la Maison-Blanche pour fêter le sacre de l'équipe la saison dernière.

«Aller à la Maison-Blanche est considéré comme un grand honneur pour une équipe du championnat. Stephen Curry hésite, donc l'invitation est retirée», avait répondu par tweet M. Trump.

Selon Kevin Durant, un coéquipier de Curry, les joueurs n'avaient pas digéré les propos du président américain, qui avait renvoyé dos à dos les suprémacistes blancs et les antifascistes pour les violences en août à Charlottesville, où un sympathisant néonazi avait tué une contre-manifestante en la percutant avec son véhicule.

M. Trump est aussi accusé de racisme, les sportifs attaqués étant en majorité de couleur.

En septembre, la journaliste d'ESPN Jemele Hill avait qualifié le président de «suprémaciste blanc». La Maison-Blanche, outrée, avait demandé sans succès son renvoi par la chaîne.

«Le sport favori de Donald Trump, c'est d'attaquer les athlètes noirs sur Twitter», a écrit mercredi Tommy Vietor, ancien membre de l'administration Obama. Michael d'Antonio, auteur d'une biographie de Donald Trump en 2016, a estimé sur CNN que le président «ne semble pas enclin à s'attaquer à des hommes blancs».

Le fils aîné du président, Donald Trump Jr, a répondu en postant une longue liste d'hommes blancs - en majorité des responsables politiques - visés par des tweets de M. Trump depuis son élection.

D'autres affirment qu'elles illustrent le style de l'ancienne vedette de téléréalité, adepte des coups sous la ceinture. «LaVar, c'est le Don King du pauvre, mais sans les cheveux», a ainsi écrit mercredi le président, dans une énième invective digne d'une cour d'école.