«Oui, la Russie est gangrénée» par le dopage, reconnaît l'icône de l'athlétisme russe Yelena Isinbayeva dans un entretien au quotidien français L'Équipe paru lundi, trois jours après la publication du rapport McLaren sur le dopage institutionnalisé dans son pays, mais elle souhaite que ce type d'enquête soit étendu «au monde entier».

«Balayer chez nous est une excellente initiative. Mais concentrer les investigations sur un seul pays est un acte politique», assène la jeune femme de 34 ans, privée de Jeux olympiques l'été dernier à Rio comme la quasi-totalité de l'équipe russe d'athlétisme.

Preuve, selon elle, d'une volonté de nuire à la Russie, le fait que «pour l'instant, ce rapport n'a pas montré les preuves, donné les noms, les drogues utilisées, les suspensions afférentes...»

Vendredi, le juriste canadien Richard McLaren a publié la fin du rapport qui avait dévoilé, avant les JO, un système de dopage institutionnalisé en Russie et abouti à l'exclusion de Rio de plus d'une centaine d'athlètes russes. Dans ce second volet de l'enquête, il apparaît que plus de mille athlètes russes représentant plus de 30 disciplines sont impliqués.

Vous doutez de ces conclusions?, l'interroge le quotidien sportif. «Je ne sais pas. On parle de preuves mais on ne les montre pas», rétorque-t-elle.

«Je ne crois pas à la conspiration, j'espère juste que l'enquête de M. McLaren sera étendue au monde entier», poursuit-elle, en estimant que «le dopage en Russie n'est pas différent d'ailleurs».

Ce qui révolte l'ancienne perchiste, double championne olympique, aujourd'hui présidente du conseil de surveillance de l'Agence antidopage russe (RUSADA), c'est l'accusation de dopage systématique et non la chasse aux tricheurs.

«J'ai vu les chiffres, répond Isinbayeva. Je suis contre les tricheurs mais je n'aime pas les généralisations. Comment pourrais-je admettre l'idée d'un système de dopage institutionnalisé alors que je n'en ai jamais fait partie?», interroge-t-elle, reprochant toujours à l'IAAF, et à son président Sebastian Coe, de ne pas être intervenu pour lui permettre de concourir à Rio, où elle visait un troisième titre olympique.

C'est pourquoi les suspensions pour dopage des marcheurs russes, tous entraînés à Saransk, la fait bondir.

«Mais oui, je suis furieuse! À cause d'eux, une ombre s'est propagée sur tout l'athlétisme russe, y compris sur moi!», lance-t-elle.

«Bien sûr j'accepte que nos dopés soient bannis. Ils ont triché, qu'ils paient! Ce qui me désole, c'est cette suspension collective qui ne règle rien», affirme-t-elle.

Désormais à la RUSADA, elle veut convaincre l'Agence mondiale antidopage (AMA) «de notre bonne volonté de purifier les choses en Russie».

«Ma prochaine victoire serait de rendre au laboratoire (antidopage) de Moscou sa licence».