Médaillée de bronze au rugby à sept féminin aux Jeux de Rio, Karen Paquin pourrait bien ne pas devoir attendre quatre ans avant de revivre l'aventure olympique.

L'athlète de Québec se rendra à Calgary le 3 novembre pour participer à des essais en bobsleigh, sous l'oeil attentif des entraîneurs de l'équipe nationale canadienne, en vue des Jeux d'hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud. Elle s'exercera en compagnie de Kaillie Humphries, médaillée d'or à Vancouver et Sotchi.

C'est d'ailleurs cette dernière qui l'a invitée, via Facebook il y a quelques semaines, à tenter l'expérience. «C'était une super belle surprise. Je n'y croyais pas vraiment. Je pensais que c'était une blague. Mais je me suis dit: pourquoi pas?», raconte Paquin, 29 ans, en entrevue avec La Presse.

L'offre était certes inattendue, mais elle a tôt fait de rallumer une vieille flamme dans le coeur de Paquin. Car plus jeune, elle n'en avait que pour les sports d'hiver. Rien ne semblait la destiner à une carrière en rugby à ce moment.

«J'ai toujours été plus attirée par les sports d'hiver que ceux d'été, dit-elle. Avant, je faisais du canot à glace. M'entraîner dans la neige, c'était naturel pour moi. Je voulais faire du ski de bosses pour être comme Jean-Luc Brassard.»

Aptitudes similaires

Paquin a déjà eu droit à une première initiation au bobsleigh avec l'entraîneur Yannik Morin, sur la piste de Waterloo. En deux séances d'entraînement, elle a notamment pu apprendre les techniques de départ requises pour occuper le poste de freineuse, tâche qu'elle serait appelée à accomplir si elle devait participer aux Jeux avec Humphries.

Elle a du même coup pu constater que certaines aptitudes nécessaires au bobsleigh s'apparentaient de très près à celles dont on a besoin pour jouer au rugby. Comme quoi elle ne s'est pas retrouvée en terrain si inconnu.

«Ce qu'on me demande en bobsleigh, c'est d'être forte, vite et puissante. Ce qu'on me demande au rugby, c'est d'être forte, vite et puissante, en plus d'être en forme.»

Bien qu'elle dise avoir confiance de faire bonne impression en Alberta, Paquin refuse de tenir quoi que ce soit pour acquis. Elle sait très bien qu'elle ne sera pas la seule à lutter pour le poste, et que son historique olympique ne lui offre aucune garantie.

«Je ne suis pas la première fille qui veut devenir freineuse. Je serais naïve de penser que tout va m'être offert sur un plateau d'argent. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne dans le sport de haut niveau», souligne-t-elle.

Pas le temps de chômer

Paquin n'aura que très peu de temps pour souffler avant de sauter à nouveau sur un terrain de rugby. En fait, elle n'en aura pas du tout.

Dès la fin de son séjour à Calgary, le 10 novembre, elle s'envolera pour l'Irlande afin de rejoindre l'équipe canadienne de rugby à XV, qui disputera des matchs contre la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l'Irlande. Un genre de prélude à la Coupe du monde de rugby, qui aura lieu l'été prochain, et à laquelle Paquin entend participer.

Cette dernière est d'ailleurs réaliste. Elle avoue sans détour qu'elle ne sera pas au maximum de ses capacités en arrivant en Irlande, d'autant plus qu'elle a dû être opérée pour une appendicite à son retour des derniers Jeux.

«Je ne m'attends pas à arriver au sommet de ma forme, compte tenu de mon opération après Rio et du fait que ce fut une année olympique chargée, fait-elle valoir. En même temps, je me dis que [l'essai en bobsleigh] ne m'enlève pas de chances de m'entraîner. Je n'avais pas accès à des matchs à Québec puisque la saison universitaire est terminée.»

Si, pour une raison quelconque, son séjour à Calgary ne devait pas s'avérer concluant en vue des Jeux de 2018, Paquin ne ferme toutefois pas la porte à une éventuelle participation olympique hivernale dans un autre sport.

«Les sports de glisse m'intriguent. J'ai toujours trouvé que le skeleton avait l'air vraiment amusant. L'important, c'est de saisir l'opportunité lorsqu'elle se présente», observe-t-elle.