Le président russe Vladimir Poutine a demandé vendredi qu'une nouvelle commission antidopage soit créée afin d'établir l'éventuelle stratégie de la Russie, au moment où le pays pourrait être exclu des Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

L'intervention de Poutine survient alors que l'ex-dirigeant de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbachev, a expédié une lettre au président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, pour lui demander de ne pas suspendre la délégation russe.

« Je suis préoccupé et très fâché d'apprendre qu'il existe une possibilité pour que la suspension qui a été imposée aux athlètes russes en prévision des Jeux olympiques touche autant ceux qui sont innocents que ceux qui sont coupables, a-t-il écrit dans sa lettre diffusée sur son site internet. Selon moi, le principe d'une sanction collective est inacceptable. »

Poutine n'a pas abordé directement les allégations à l'effet que des dirigeants du gouvernement russe avaient facilité la dissimulation de centaines de cas de dopage sportif, mais a réitéré que l'État était totalement opposé à l'utilisation de drogues de performance.

Il a ajouté qu'il fallait « coopérer étroitement » avec le CIO et l'Agence mondiale antidopage (AMA) afin de lutter contre le dopage sportif. L'AMA a accueilli favorablement jeudi la décision du Tribunal arbitral du sport de maintenir la suspension de l'équipe russe d'athlétisme.

« Il n'y a pas de place pour le dopage dans le sport, a martelé Poutine. Le sport doit être propre, et la santé des athlètes doit être protégée adéquatement ».

Poutine a mentionné lors d'une réunion de son cabinet que la commission, sous la supervision du Comité olympique russe, permettrait « des développements rapides et un contrôle absolu dans la réalisation d'un plan national de lutte au dopage ».

Il a ajouté que la commission serait « indépendante » et qu'elle serait dirigée par des Russes ainsi que des experts étrangers en médecine, en justice et en administration des sports. Il n'a cependant pas fourni d'échéanciers sur l'entrée en fonction de la commission.

Poutine a suggéré la nomination de Vitaly Smirnov, un membre honoraire de 81 ans du CIO et un vétéran de l'Administration des sports de l'Union soviétique et de la Russie, à la tête du comité de direction.

« Une telle commission devrait être dirigée par une personne dotée d'une réputation absolument inattaquable, qui a la confiance et le respect de la famille olympique, a évoqué Poutine. Une telle personne existe dans notre pays, et c'est Vitaly Georgievich Smirnov. »

Smirnov a déjà servi à titre de vice-ministre des Sports de l'Union soviétique et a contribué à l'organisation des Jeux olympiques de Moscou en 1980.

Il a suggéré lors d'un entretien télévisé que le scandale de dopage russe se résume à une série de « problèmes de communication », et il a ajouté que la nouvelle commission servirait à éradiquer l'utilisation des drogues de performance dans le sport. « Nous travaillerons afin d'éliminer ce problème », a-t-il ajouté.

Smirnov, qui a déjà agi à titre de vice-président du CIO, a fait partie des cinq membres de l'organisation qui ont reçu « un sérieux avertissement » en 1999 pour le rôle qu'ils ont joué dans le scandale de l'octroi des Jeux olympiques à Salt Lake City. Au total, 10 membres ont dû démissionner ou ont été limogés pour avoir accepté des pots-de-vin, des cadeaux et d'autres avantages inappropriés pendant le processus d'octroi des Jeux d'hiver de 2002.