Il est mythique, surutilisé par les commentateurs sportifs... mais il semble bel et bien exister. Le proverbial momentum, cet élan psychologique qui donnerait des ailes aux sportifs, a été mesuré par un étudiant de l'UQAM en contexte de compétition. Ces résultats seront dévoilés aujourd'hui au congrès de l'ACFAS, à Montréal.

Le momentum, c'est ce but en fin de période qui fait tourner le vent pendant un match de hockey, ce coureur qui en dépasse un autre et lui casse son élan, ces joueurs de basketball à la «main chaude» qui multiplient les paniers au cours d'une séquence gagnante

«Il y a plein de mythes sur le momentum et peu de recherches sur le sujet, encore moins dans un véritable contexte de compétition», explique Vincent Gosselin Boucher, étudiant à la maîtrise en kinanthropologie à l'UQAM qui travaille sous la direction du professeur Alain Steve Comtois.

Pour traquer le mystérieux momentum, M. Gosselin Boucher a pris les grands moyens. Il a suivi 10 hommes et 10 femmes pendant une véritable course de cross country de 3000 mètres, en mesurant leurs battements cardiaques à tout moment. Il a aussi filmé la totalité de la course avec pas moins de quatre caméras, puis a minutieusement documenté les capacités physiques des athlètes à l'aide de tests en salle.

Les coureurs ont ensuite visionné leur course en identifiant trois moments « positifs » où ils ont senti bien progresser vers leur but, puis trois moments négatifs où les choses se présentaient mal. Ces moments clés pouvaient être autant un dépassement, une pointe d'accélération, une crampe ou un sentiment d'avoir trop chaud.

M. Gosselin Boucher a fait correspondre ces moments positifs et négatifs à la performance physique des athlètes sur le terrain. Pour ça, il a développé un «indice de rendement» basé sur la fréquence cardiaque et la vitesse atteinte pendant la compétition par rapport à la fréquence cardiaque maximale et la vitesse maximale pouvant être atteinte par l'athlète.

En brassant ces variables, il a démontré que le momentum psychologique tel que rapporté par les athlètes était effectivement corrélé avec la performance physique. Bref, lorsque les athlètes sentaient qu'ils progressaient bien vers le but, on a observé une amélioration de leur rendement. De mauvaises dispositions psychologiques se sont au contraire traduites par ce qui semble être un découragement et une diminution de la performance.

«Je m'attendais à ce qu'il y ait un lien, mais jamais aussi direct et aussi fort», commente le jeune homme, lui-même dans l'équipe universitaire de cross country.

Fait intéressant, ce lien entre disposition psychologique et rendement physique était plus fort pour les hommes que les femmes, ce qui laisse croire aux chercheurs que les méthodes d'entraînement et les interventions avant la compétition auraient intérêt à être adaptées selon le sexe des athlètes.