Après un début de campagne fulgurant en attaque, on retombe chez le Canadien dans des constats qui rappellent ceux évoqués lors de l'élimination à Tampa Bay le printemps dernier: plusieurs chances de marquer mais un manque d'opportunisme, un avantage numérique léthargique, de trop rares matchs de trois buts...

Cela dit, les ajustements apportés au style de jeu cette année font en sorte que l'équipe, malgré la présente série d'insuccès, continue à donner le ton à la plupart des matchs.

Si, comme Max Pacioretty le disait jeudi, il ne manque à son équipe que ce petit 1 %, l'équipe sera-t-elle en mesure de le trouver par elle-même, ou est-ce que Marc Bergevin devra le dénicher ailleurs ?

Pour l'heure, c'est au tour de Michael McCarron d'obtenir sa chance. Les IceCaps de St. John's sont en congé jusqu'au 26 décembre et McCarron a pleinement mérité d'être rappelé vendredi soir. Se tournera-t-on vers lui pour stimuler la présence au filet ? Pourrait-il être une solution (à tout le moins temporaire) sur l'un des deux premiers trios ?

Après Andrighetto, Holloway, Thomas, Carr et Hudon, c'est au tour de McCarron de montrer où il en est rendu. Le Tricolore est en mode inventaire de fin d'année !

À QUI LES CHANCES

On dit que le Tricolore peine à tirer profit de ses occasions de marquer. Pour y arriver, il faut trois choses.

Des occasions, tout d'abord ! Le CH travaille assez pour en générer amplement.

Une part de chance aussi. Après le premier mois de la saison, le trio de David Desharnais avait un taux d'efficacité de 19 % sur ses lancers. C'était impossible à maintenir, mais la chance était de leur côté. En ce moment, tout ce qui « rentrait » à l'époque ne rentre plus aujourd'hui. Mais au nombre de chances de marquer que l'équipe se donne, ça finira par se normaliser. La vérité du Canadien est quelque part entre ces deux extrêmes.

Mais l'opportunisme est aussi affaire de talent pur. Certains ont l'instinct du marqueur, d'autres moins. Et c'est là, au-delà des retours éventuels de Brendan Gallagher et de Carey Price, que Bergevin doit se demander s'il a tous les chevaux pour remporter la course.

ATTENDRE DE REVOIR PRICE

Si le Canadien allait immédiatement chercher du renfort à l'attaque et qu'il s'apercevait, quelques semaines plus tard, que le dossier Carey Price n'avance pas comme prévu, il aurait gaspillé des munitions. Il nous apparaît probable que le CH attende de se faire confirmer que Price a d'excellentes chances de défendre le filet à l'aube des séries éliminatoires avant de poser un geste d'impact.

Le portrait salarial est quelque peu brouillé en ce moment en raison des blessures et bien des choses peuvent changer en quelques semaines. Mais on peut estimer que dans un mois précisément, alors que Price et Gallagher seront de retour, le Canadien aura 2,3 millions disponibles sous le plafond salarial. L'enveloppe salariale étant calculée selon un pro rata quotidien, le site spécialisé www.CapFriendly.com évalue que le Tricolore pourra ajouter l'équivalent d'un joueur gagnant 6 millions par année.

Mais alors : y a-t-il un attaquant, quelque part, qui soit susceptible d'aider le Canadien ?

Cinq candidats potentiels pour le CH

1. Mikkel Boedker 

AG/AD - Arizona - 3,75 millions (JA*)

Tout est possible pour les formations de la section Pacifique, mais ça s'annonce difficile pour les Coyotes, qui viennent de perdre leur gardien Mike Smith pour au moins deux mois. En viendront-ils à larguer Boedker, qui a de bonnes chances de quitter l'Arizona l'été prochain? De l'aveu même du DG Don Maloney, le Danois s'est bien remis d'un début de saison lent. Boedker est aujourd'hui le meilleur buteur de l'équipe (11 buts) en vertu de deux tours du chapeau. Ses 23 points en 31 matchs le placent aussi au deuxième rang des marqueurs de la formation. On se doit de noter sa constance en attaque, car il n'a pas passé plus de trois matchs sans faire de points cette saison. L'attaquant de 26 ans est l'un des patineurs les plus explosifs de la ligue et même s'il évolue à l'aile, il est davantage un passeur qu'un marqueur. Par contre, il a un physique un peu frêle qui l'a rendu vulnérable aux blessures.

2. Andrew Ladd 

AG - Winnipeg - 4,4 millions (JA*)

Les Jets de Winnipeg sont bien embêtés. Ils constituent une solide formation, mais le simple fait d'évoluer dans la division Centrale pourrait leur coûter une place en séries. Ils se donneront le temps d'évaluer leur situation avant de passer aux actes, mais une chose est claire: ils seront forcés de faire un choix entre Andrew Ladd et Dustin Byfuglien, leurs deux principaux joueurs admissibles à l'autonomie l'été prochain. S'ils sacrifient leur capitaine, Ladd aurait plusieurs atouts intrigants pour le Canadien. C'est un ailier gauche de 6' 3 et 200 livres qui a su traverser l'épreuve des ans, c'est un travailleur acharné capable de jouer contre les meilleurs joueurs adverses et qui n'hésite pas à aller se poster devant le filet, où il est habile à faire dévier les tirs. Ladd a connu sa meilleure saison l'an dernier avec 24 buts et 62 points en 81 matchs. Il a remporté la Coupe Stanley à deux reprises et Marc Bergevin l'a bien connu à Chicago. Et il est devenu meilleur encore à Winnipeg par la suite. Notons qu'en vertu de son contrat, Ladd peut refuser un échange dans 15 destinations de la ligue.

3. Jiri Hudler

AD - Calgary - 4 millions (JA*)

Les Flames ont remporté jeudi leur 7e match de suite, tant et si bien qu'ils participeraient aux séries si elles débutaient aujourd'hui. Ils se sont donné un dossier de 10-3-1 à leurs 14 derniers matchs sans que Hudler soit au centre de tels succès. Un virus lui a fait manquer deux matchs, Bob Hartley l'a retranché lors d'un troisième, et il a dû se contenter de 5 points en 11 matchs. Hudler, qui a connu la saison de sa carrière l'an dernier, avec 31 buts et 76 points (dont 60 à forces égales), n'est plus au coeur des chances de marquer de son équipe comme l'an dernier. On le voyait surtout avec Johnny Gaudreau et Sean Monahan au début de la saison, mais il évolue surtout avec Sam Bennett et Markus Granlund par les temps qui courent. Conséquence: son temps de jeu a chuté depuis un mois. Quand on regarde la provenance de ses tirs, on note qu'il était beaucoup plus impliqué devant le filet l'an dernier. À 5' 10 et n'ayant pas toujours eu la meilleure réputation défensive, a-t-il vraiment le profil que recherche le Canadien?

4. Radim Vrbata 

AD - Vancouver - 5 millions (JA*)

On prêtait à Marc Bergevin de l'intérêt pour le vétéran ailier, à l'été 2014, avant que Vrbata s'entende pour deux ans avec les Canucks. Après une belle campagne de 31 buts - dont sept buts gagnants -, le Tchèque de 34 ans a perdu toute chimie avec les frères Sedin. Jannik Hansen a fini par prendre sa place à la droite des jumeaux. Vrbata ne revendique que 15 points en 31 matchs et seulement sept à égalité numérique. Avant les matchs d'hier, son différentiel de -17 était le pire de la Ligue nationale! Les Canucks traversent une crise d'identité, et Vrbata ne fera pas partie de la solution à long terme. Il est reconnu comme un bon patineur, mais à son âge, on est en droit de se demander si le déclin n'est pas amorcé.

5. Ryan Johansen 

Centre - Columbus - 4 millions

Outre Steven Stamkos et Eric Staal qui, que ce soit fondé ou non, alimentent le moulin à rumeurs, le jeune Johansen est la principale attraction sur le marché. Et pour cause: il n'a que 23 ans et il a un contrat en poche pour l'an prochain à un salaire très raisonnable. Par contre, celui qui devait être le fer de lance de l'attaque des Blue Jackets a commencé l'année de façon bien lancinante sous les ordres de Todd Richards. Et depuis que John Tortorella l'a remplacé, ça ne va guère mieux. Il a même été laissé sur la passerelle jeudi! Certes, Johansen est le deuxième marqueur de son équipe avec 22 points. Mais même lors du passage des Blue Jackets à Montréal, lorsqu'on croyait Johansen relancé, des gens bien placés nous disaient qu'il ne jouait pas aussi bien que ses statistiques pouvaient le donner à penser. Le grand centre est doté d'un énorme potentiel et a atteint un sommet personnel de 71 points l'an dernier. Mais il donne, cette saison, les signes d'un joueur peu engagé. Après le bras de fer contractuel qui l'a opposé à l'équipe, Johansen a peut-être atteint le point de non-retour. Il trouvera assurément preneur, mais le Canadien n'est pas en position d'absorber quatre millions en salaire l'an prochain et de signer Johansen à long terme sans donner de contrat significatif en retour.

*JA: joueur autonome à l'été 2016

Dans le vestiaire du Canadien...

Le plus long voyage en 47 ans

Le Canadien dispute à compter de samedi soir à Dallas une série de huit matchs sur les patinoires adverses. Il s'agit de son voyage le plus long depuis octobre 1968 alors que se terminaient des rénovations au Forum. Heureusement que la courte pause des Fêtes permettra aux joueurs de faire le plein en famille, que ce soit à Montréal ou en Floride. Mais ce sont quand même huit matchs joués sur les patinoires étrangères et 20 jours passés dans les valises avant que l'équipe ne revienne au Centre Bell, le 6 janvier, pour y recevoir les Devils du New Jersey. En affrontant Dallas, Nashville et le Minnesota, le Tricolore prépare Noël face à trois équipes de l'Association de l'Ouest. Il présente une fiche de 4-6 contre les clubs de l'Ouest depuis le début de la saison.

McCarron en haut, Hudon en bas

L'attaquant Michael McCarron a été rappelé, vendredi soir, afin de prendre la place dans la formation de Charles Hudon, qui a été cédé aux IceCaps de St. John's en matinée. Hudon n'a pas déçu lors des deux matchs qu'il a disputés, amassant deux mentions d'aide. On le reverra. Quant à McCarron, on ignore encore s'il verra de l'action ou s'il s'agit simplement de le mettre au parfum de la vie dans la Ligue nationale. Car Devante Smith-Pelly, qui a raté les six derniers matchs du Canadien en raison d'une blessure, a fait le voyage et pourrait revenir au jeu incessamment. McCarron, un colosse de 6'6 et 231 lb, ne déçoit pas à sa première saison dans la Ligue américaine, ayant amassé 13 buts et 24 points en 28 rencontres. Il a inscrit son deuxième tour du chapeau de la saison à son dernier match. À noter que les IceCaps sont inactifs jusqu'au 26 décembre.