Après avoir passé 54 jours et parcouru 4382 km dans le froid glacial de l'Antarctique, Frédéric Dion est finalement de retour à la maison.

L'avion en provenance de Toronto qui transportait l'aventurier de 37 ans s'est posé en milieu d'après-midi, hier, à l'aéroport Montréal-Trudeau. Parti de la base russe de Novolazarevskaya le 10 novembre, Frédéric est devenu, le 15 décembre, le premier à atteindre en solitaire le pôle Sud d'inaccessibilité. Il a de nouveau marqué l'histoire la veille de Noël en atteignant cette fois le pôle Sud géographique. Le tout, muni de skis tirés par un cerf-volant.

Sa conjointe, Caroline Mailhot, l'attendait impatiemment au bas de l'escalier en compagnie de leurs deux filles, Adélie, 6 ans, et Danaëlle, 3 ans. Celles-ci se sont aussitôt ruées sur lui lorsqu'il a descendu la dernière marche, afin de lui remettre une médaille de leur cru en forme de coeur rouge. Maman a suivi peu de temps après. Papa, quant à lui, n'a pu retenir quelques larmes, visiblement soulagé d'être de retour parmi les siens.

«Pour moi, faire du cerf-volant pendant 24 heures dans des conditions extrêmes, c'est un défi et j'aime ça. Monter ma tente dans un blizzard, je suis capable, j'ai l'habitude et ça m'amuse. Mais être loin de mes filles, de ma femme, ç'a vraiment été la plus grande difficulté», a-t-il expliqué par la suite.

Dans les faits, son expédition a pris fin le 3 janvier, à la suite d'un sprint de 627 km en un peu plus de 24 heures qui l'a mené jusqu'à Hercules Inlet. Mais à ses yeux, il manquait encore une étape pour véritablement conclure son odyssée.

«La fin de mon expédition, ce n'est pas quand j'ai fini de traverser l'Antarctique. C'est quand j'ai pu serrer mes filles dans mes bras. Et là, ça vient de se faire. Je suis content, je n'ai pas trop craqué!», s'est réjoui Frédéric.

Des conférences... et une autre aventure

Maintenant qu'il est revenu chez lui, Frédéric Dion devra se réadapter à la vie au sein de la civilisation. Une perspective qui, dit-il en riant, lui fait sentir qu'il est «en danger».

«En Antarctique, le blizzard, le froid, ce sont des univers qui sont là, et je peux contrôler ma situation et ma réaction. J'avais donc un niveau de contrôle très élevé. Là, je vais prendre ma voiture, je vais aller sur le boulevard Métropolitain et je n'ai plus le contrôle! Ma sécurité dépend des aptitudes et des comportements de tous les chauffeurs autour de moi. Il faut que je me réhabitue à perdre un peu le contrôle sur ma vie», a-t-il indiqué.

Une fois qu'il aura retrouvé ses repères, Frédéric se lancera dans une série de conférences un peu partout au Québec afin de raconter son expédition.

«J'aime préparer l'aventure, j'aime la vivre, mais je pense que j'aime encore plus la communiquer. Et dans ce cas précis, j'ai vécu des situations extrêmes et extraordinaires qui seront un délice pour moi à raconter», a-t-il noté.

Et bien qu'il ne soit de retour au pays que depuis quelques heures, Dion a déjà choisi le prochain grand défi auquel il compte s'attaquer. «Je me sentais mal d'arriver ici et de ne pas avoir un projet à annoncer. Je n'en ai pas parlé avec ma femme...», a-t-il lancé en se tournant vers cette dernière.

Caroline, qui l'écoutait déjà attentivement, a alors tendu l'oreille encore un peu plus. Puis, Frédéric est passé aux aveux. «Ma prochaine grande aventure, ce sera pour plusieurs mois et plusieurs années. Je veux - et je sais que j'ai de la compétition - devenir le meilleur père au monde», a-t-il déclaré.

À voir le large sourire qui s'est dessiné sur le visage de madame par la suite, nul doute que ce projet l'enchante au plus haut point.