De Londres à Sydney et de Kaboul à Delhi, le monde du cricket était en deuil après la mort jeudi d'un jeune champion australien atteint à la tête deux jours plus tôt par un lancer lors d'un match professionnel.

Phillip Hughes, qui allait fêter son 26e anniversaire dimanche, s'est éteint à l'hôpital de Sydney où il avait été admis mardi dans un état critique et placé en coma artificiel.

Dans les pays de l'ancien Empire britannique où le cricket est roi, cet accident rarissime a provoqué une onde de choc. En Australie, la mort tragique de Hughes est comparée à celle du pilote de F1 Ayrton Senna en 1994.

Les télévisions du pays y consacraient leurs éditions, montrant les images de ses coéquipiers et de ses proches en larmes quittant l'hôpital de Sydney où il avait été admis après l'accident.

Le premier ministre australien Tony Abbott a salué la mémoire du champion dont la mort, a-t-il dit, «a ému des millions d'Australiens».

En Nouvelle-Galles du Sud, province d'origine de Hughes, les drapeaux ont été mis en berne sur tous les bâtiments officiels.

«C'est un triste jour pour le cricket», a réagi l'icône du cricket indien, Sachin Tendulkar.

Missile

Cette disparition a relancé le débat sur la sécurité dans le cricket, sport aux règles obscures pour les profanes, où s'affrontent des lanceurs et des frappeurs, un peu comme au baseball. Une discipline qui, malgré son image so british, n'a rien de feutré: une balle de cricket pèse 150 grammes et fuse à près de 150 km/h. C'est un véritable missile et une menace permanente pour les «batsmen» malgré leur casque.

«C'est comme de se faire percuter par un autobus», selon le patron de la fédération de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew Jones.

Masuri, la société britannique qui produit le casque porté par Hughes, affirme que le joueur a été touché sur une partie de la tête difficile à protéger.

Le joueur de l'équipe d'Australie Méridionale avait été touché de plein fouet sur le cou, à la base du crâne, par une balle lancée par un joueur de Nouvelle-Galles du Sud lors d'un match comptant pour la Sheffield Shield, le championnat national australien.

Après le choc, Hughes avait chancelé quelques instants, avant de s'écrouler inconscient face contre terre, sous les yeux de sa mère et de sa soeur présentes dans les tribunes.

Le prodigieux gaucher, sélectionné à 26 reprises en équipe nationale, a succombé à une hémorragie massive consécutive à la rupture d'une artère vertébrale qui amène le sang du coeur au cerveau, un événement rarissime survenu une seule fois auparavant au cricket, a expliqué le médecin de l'équipe nationale, Peter Brukner, au cours d'une conférence de presse.

«Il n'a jamais repris conscience après avoir été blessé mardi», a ajouté le médecin. «Il n'a pas souffert et était entouré de sa famille et des amis proches. La communauté du cricket est en deuil et présente ses plus profondes condoléances à sa famille et à ses amis».

Les secours en question

Un début de polémique s'est fait jour sur la lenteur des premiers secours et ses conséquences possibles sur la dégradation rapide de l'état de santé du joueur et l'irréversibilité de ses blessures.

Les responsables du stade de Sydney où s'est déroulé le drame affirment avoir appelé les services d'urgence six minutes après mais l'ambulance n'est arrivée qu'une demi-heure plus tard.

Fils d'un producteur de bananes, Phillip Joel Hughes était né le 30 novembre 1988 à Macksville, en Nouvelle-Galles du Sud.

Il avait débuté sa carrière professionnelle en 2007 à l'âge de 18 ans, devenant rapidement l'un des frappeurs les plus doués de sa génération. Pour sa première sélection nationale face à l'Afrique du Sud en 2009, il avait été meilleur batteur de son équipe.

Sa carrière internationale a par la suite connu des hauts et des bas et son dernier match sous les couleurs de l'Australie remontait à juillet 2013. Il avait été rappelé cette année en équipe première face au Pakistan mais était resté sur le banc.