Aux prises avec des blessures aux pieds pendant des mois, Amélie Kretz a passé des heures à faire du jogging aquatique dans un couloir de la piscine de l'Université de Guelph, où elle s'entraîne. «Rien de plus plate», fait la triathlonienne.

Quand l'envie lui prenait de sortir de l'eau, elle levait la tête vers une bannière accrochée aux gradins et qui disait à peu près ceci: «Les moments difficiles ne durent jamais, les personnes qui ont la couenne dure, si.»

Kretz a pu vérifier la véracité de cette maxime aux championnats canadiens de Magog, le mois dernier. À peine remise à la course à pied, elle a filé vers la victoire pour décrocher, à sa surprise, son deuxième titre canadien consécutif.

«J'avais recommencé à courir deux semaines avant et je ne m'attendais pas à grand-chose, se rappelle-t-elle. J'ai roulé toute seule en échappée en vélo et j'ai gardé la même avance en course à pied. Au moins, j'ai pu démontrer le travail que j'avais fait en vélo en raison de mes blessures.»

Six semaines plus tard, Kretz espère se surprendre de nouveau aux Championnats du monde U23 de triathlon, qui se tiennent ce week-end à Edmonton en parallèle à la grande finale des séries mondiales de l'International Triathlon Union. L'épreuve féminine U23 sera présentée dimanche, après la course élite masculine.

À sa première participation, l'an dernier à Londres, l'athlète de Blainville a remporté le bronze, coiffée sur la ligne par sa compatriote Ellen Pennock, médaillée d'argent. L'Ontarienne Joanna Brown, une partenaire d'entraînement à Guelph, a complété l'impressionnant tir groupé avec une cinquième place.

Il va sans dire que Kretz, sixième aux Mondiaux juniors de 2012, visait plus haut cette année. Mais ces blessures aux pieds, qui ont commencé à l'ennuyer au printemps, ont changé la donne. Quoique...

«Je ne savais pas si j'allais être capable de courir en fin de semaine», a-t-elle souligné au téléphone hier après-midi, encore assise dans un avion qui venait d'atterrir dans la capitale albertaine. «C'est sûr que les objectifs ont changé un peu. C'est plus d'être en santé et de revenir en force. Mais je veux toujours gagner, et mon objectif pour les Championnats du monde, c'est encore de gagner.»

Libérée de ses douleurs et sûre d'avoir «pris une grosse coche en vélo» - ce qui pourrait la favoriser sur le parcours technique d'Edmonton, ponctué de deux raidillons - , Kretz s'interroge seulement sur son volume d'entraînement en course à pied, loin du niveau habituel. Craignant une rechute, comme ça lui est arrivé en mai, elle s'est limitée à «deux ou trois» séances d'intensité.

Ça ne l'empêche pas de juger «très réaliste» une place sur le podium, dimanche. «Je pense que la bonne forme que j'ai en vélo et en natation va se transférer en course à pied, espère Kretz. Je pense que je suis capable de souffrir pas mal plus que la plupart de mes compétitrices. Ça aussi, ça va m'aider.»