Les athlètes qui perdent une finale de championnat en sport collectif mais qui gagnent un honneur individuel vous diront tous qu'ils perdent au change. Ils le diront tous, mais personne n'a autant raison de le penser que Magali Harvey.

Comme ses coéquipières, l'athlète de Québec a reçu une médaille d'argent de la Coupe du monde de rugby à 15. Mais auparavant, celle qui a inscrit 61 des 113 points du Canada à cette Coupe du monde est montée seule sur l'estrade au centre du terrain du stade Jean-Bouin pour recevoir le titre de joueuse de l'année décerné par la Fédération internationale de rugby. L'ultime honneur individuel au rugby, l'ultime sport collectif selon ses adeptes.

«Je crois que les gens ne comprennent pas à quel point toutes les joueuses sur le terrain sont importantes, dit Magali Harvey. Ils voient juste la finition (son rôle), mais le reste de l'équipe fait un travail aussi important.»

Son rôle d'ailière lui demande de se tenir aux extrémités afin de courir avec le ballon. Comme lors de son spectaculaire essai à la course de 80 mètres contre la France qui a fait sensation aux bulletins de nouvelles sportives ou sur l'internet - en plus de qualifier le Canada pour la finale de la Coupe du monde. Une finale perdue hier contre l'Angleterre.

«C'est une grosse déception, on espérait gagner, dit Magali Harvey. On a fait plus d'erreurs que les Anglaises.»

La fille de l'ex-député conservateur Luc Harvey a découvert le rugby à l'école secondaire, alors qu'elle jouait déjà au soccer. «Je me suis vite rendu compte de mon potentiel. J'étais capable de bien lire les mouvements de hanches des autres joueuses», dit Magali Harvey, qui a pris une pause de ses études à l'Université St. Francis Xavier pour faire partie de l'équipe nationale de rugby à 7, qui ira aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016.

À 24 ans - c'était son anniversaire samedi -, Magali Harvey est donc sacrée joueuse de rugby de l'année 2014 sur la scène internationale. Mais au sein de sa propre équipe, son entraîneur François Ratier désigne la capitaine Kelly Russell - l'une des quatre finalistes au titre de joueuse de l'année par la Fédération internationale - comme sa «meilleure joueuse».

«Magali mérite cet honneur, elle a été extraordinaire pour nous cette année et durant cette Coupe du monde, dit-il. Mais la meilleure joueuse de notre équipe, c'est Kelly.» La capitaine ne tarit pas d'éloges non plus pour sa coéquipière. «Magali a été phénoménale pour nous», dit Kelly Russell.