Remporter un Ironman constitue possiblement l'exploit d'endurance par excellence pour un athlète. Mais pour le champion 2014 de l'Ironman de Mont-Tremblant, cet exploit ne suffisait pas.

Transporté par un vélo qu'il a lui-même conçu et fabriqué, l'Américain T.J. Tollakson a enlevé l'épreuve, hier. Son temps de 8 h 16 min 17 s lui a permis d'établir un record de parcours, à la troisième édition de la course.

Tollakson a devancé son plus proche rival, le Britannique Daniel Halksworth, par 19 minutes - ce qui a permis à l'athlète de l'Iowa de lever le pied en fin de parcours. Pour saluer les partisans, mais aussi pour une autre raison plus pragmatique...

«J'ai gardé le rythme jusqu'aux quatre ou cinq derniers milles, et puis j'ai ralenti, car je suis maintenant qualifié pour les Championnats du monde à Kona, donc je devrai courir dans huit semaines. Je dois rester le plus frais possible!»

La science à son service

Il s'agit de la deuxième victoire de sa carrière, après un triomphe à Lake Placid en 2011.

«La plus grande victoire de ma carrière», a-t-il souligné. Facile à dire devant des médias locaux, mais son argumentaire était convaincant.

D'une part, il a surmonté plusieurs opérations à la hanche, dont une a eu lieu depuis son sacre d'il y a trois ans. D'autre part, sa victoire lui a fait gagner un pari audacieux pris il y a quelques années: ingénieur de formation, il souhaitait rouler sur son propre vélo.

«J'ai travaillé comme ingénieur industriel chez Alcoa pendant deux ans, raconte le champion. Et quand j'ai rompu la relation avec mon commanditaire de vélo, je souhaitais conduire le vélo le plus rapide. De fil en aiguille, ça m'a amené à le concevoir moi-même. On le voit aujourd'hui, les résultats parlent d'eux-mêmes!»

À la nage comme à pied, il n'a pas été le plus rapide. Mais dans la portion vélo, il a dynamité la compétition et a parcouru les 180 km 8 minutes plus rapidement que tout autre concurrent.

«C'était un bijou de vélo. Dans la section avec la plus grande ascension, c'est là que j'ai gagné le plus de temps sur les autres.»

La course a été marquée par l'abandon du champion en titre, Luke Bell. L'Australien a abdiqué après la portion cycliste de l'épreuve, blessé à un genou. La lenteur avec laquelle il a descendu de son vélo ne laissait aucun doute sur ses intentions.

Pierre-Yves Gigou a été le Québécois le plus rapide. Ce Français d'origine prévoit faire le saut chez les professionnels l'an prochain, mais il était inscrit parmi les hommes de 25 à 29 ans cette année. Il a arrêté le chrono à 9 h 08 min 40 s.

Une Canadienne malgré les embûches

Du côté féminin, la Canadienne Sara Gross a remporté la mise avec un chrono de 9 h 40 min 26 s, exactement 200 secondes devant la médaillée d'argent, l'Américaine Amber Ferreira.

Bonne joueuse, Gross a pris dans ses bras ses deux plus proches rivales à leur passage au fil d'arrivée.

Gross a savouré cette victoire malgré des ennuis mécaniques en vélo: un frein qui frottait sur la roue arrière.

«Je n'aime pas parler de ça, car on dirait que je cherche des excuses! , a lancé la gagnante. Mais j'aurais dû faire mes vérifications avant de partir. Heureusement, j'ai eu l'aide d'un mécanicien et j'ai pu repartir rapidement. (...) Mais j'ai pensé que j'allais devoir abandonner. Ça montre bien que dans un Ironman, tu ne dois jamais abandonner.»

Pour elle aussi, il s'agit d'une deuxième victoire, après un gain au Brésil en mai.

Au total, 8 femmes et 19 hommes ont pris le départ chez les professionnels, en plus de quelque 2500 athlètes dans les différentes catégories d'âge.