Un match ne fait pas une saison, mais la défaite que les Sénateurs d'Ottawa ont encaissée face au Canadien le 15 mars - en laissant le Tricolore faire une remontée dans les cinq dernières minutes de la troisième période - résume bien les malheurs qui les ont affligés cette saison.

Eux qui avaient peiné toute l'année à trouver leur rythme de croisière, ce revers a été en quelque sorte leur coup de grâce. Ils allaient perdre cinq des six matchs suivants et se sortir de facto de la course aux séries éliminatoires.

«Le plus difficile, c'est qu'on leur a donné ces deux points, a rappelé le défenseur Eric Gryba. Le match était à notre portée et on s'est effondrés.»

«On en a eu des matchs qui nous ont fait mal, a ajouté l'attaquant Clarke MacArthur. On a été incapables de conserver plusieurs avances parce qu'on continuait de prendre des risques inutiles.»

Pratiquement exclus des séries, les Sénateurs parlent désormais de finir la saison en force et de jouer les trouble-fête.

Avec cinq matchs à disputer, l'heure est déjà au bilan.

«Ce qui nous a manqué, c'est le niveau de compétitivité au quotidien, admet MacArthur. Un soir, on donnait un rendement sans équivoque qui nous drainait émotivement et le lendemain, on était à plat. Il faut trouver une façon d'être plus constants même quand la tête ou les jambes ne sont pas à leur mieux.»

Revirements et pénalités

Après les progrès de la saison dernière et la façon dont ils s'étaient débarrassés du CH en séries, on s'attendait à ce que les jeunes Sénateurs continuent leur percée.

Ce fut loin d'être le cas.

«Nous avons eu beaucoup de difficultés dans notre territoire cette année, note le centre Kyle Turris. C'est une combinaison de facteurs: la façon dont les attaquants venaient prêter main-forte aux défenseurs, la relance de l'attaque, le gardien qui devait être le quart-arrière de tout ça...

«C'est difficile de mettre le doigt sur un seul élément.»

Paul MacLean, lui, a une idée bien précise de ce qui n'a pas fonctionné.

«Notre jeu collectif a été déficient, a expliqué l'entraîneur-chef. Nous avons joué trop souvent dans notre zone et nous avons commis trop de revirements. En nous plaçant à la traîne de cette façon, nous avons écopé de nombreuses pénalités.»

Les Sénateurs sont l'équipe ayant récolté le plus d'infractions mineures, en plus d'être celle qui, selon les statistiques officielles de la LNH, s'est rendue coupable du plus grand nombre de revirements.

Des défenseurs... mais pas d'Alfie

D'aucuns montrent du doigt la ligne bleue pour expliquer les ennuis de l'équipe cette saison.

«En gardant huit défenseurs dans la formation durant toute l'année, il y avait toujours deux ou trois défenseurs en rotation et ça a rendu la cohésion des duos défensifs plus difficile», explique Eric Gryba, qui faisait partie de cette rotation jusqu'à ce qu'il décroche un poste il y a une trentaine de matchs.

«Mais c'est vrai qu'une bonne part de ce qui est arrivé cette année est notre responsabilité.»

À l'attaque, l'arrivée du marqueur Bobby Ryan, censée atténuer le départ de Daniel Alfredsson pour Detroit, a fonctionné jusqu'au jour où une hernie a commencé à affecter son jeu. Mais c'est avec Turris et MacArthur que l'ancien des Ducks d'Anaheim s'est trouvé des affinités, et non avec le nouveau capitaine Jason Spezza. Il aura fallu l'arrivée d'Ales Hemsky, à la date limite des transactions, pour que Spezza trouve enfin chaussure à son pied. Ça non plus, ça n'a pas aidé.

Le leadership de Spezza - dont la présence ce soir face au Canadien est incertaine en raison d'une blessure - a été mis en doute lors d'un passage à vide avant Noël. Durant toute la saison, le spectre d'Alfredsson aura plané dans le vestiaire.

«Tout le monde savait que ce serait une lourde perte, a répondu Turris. Il y a peu de joueurs comme lui, que ce soit sur la glace ou dans le vestiaire. Par moments, on a ressenti son absence. Mais en même temps, on ne peut pas utiliser cela comme excuse. On a eu tout l'été pour s'en remettre et toute la saison pour s'adapter à la nouvelle réalité.»