Avec deux médailles olympiques, des titres aux Mondiaux, des équipages encore parmi les meilleurs cette saison, l'équipe canadienne de bobsleigh sera à suivre de près à Sotchi. Kaillie Humphries, chez les femmes, et Lyndon Rush, en bob à deux, sont actuellement au sommet de la hiérarchie mondiale, tandis que Chris Spring est en pleine progression. Deux Québécois, Samuel Giguère et Marquise Brisebois, ont encore des chances d'être sélectionnés pour les Jeux, mais la compétition est très vive au sein de l'équipe.

Un baume pour Samuel Giguère

Finaliste de la Coupe Grey avec les Tiger-Cats de Hamilton, le Québécois Samuel Giguère rêve maintenant d'aller aux Jeux de Sotchi. Membre de la très forte équipe canadienne de bobsleigh, Giguère n'a eu que quelques jours de repos avant de rejoindre le centre d'entraînement national à Calgary.

La direction de l'équipe a toutefois préféré le garder à l'écart des premières épreuves de la Coupe du monde. «Jouer une saison de football n'est pas vraiment la préparation idéale pour une saison de bobsleigh», a raconté l'athlète de 28 ans cette semaine en entrevue.

«Avec les séries, j'ai disputé 23 matchs pendant lesquels je me suis vraiment fait frapper fort. J'ai encore mal partout! Et ça me fait aussi souffrir de penser à notre défaite en finale. J'avoue que je l'ai encore en travers de la gorge...

«J'étais donc heureux de rejoindre l'équipe à Calgary. Le bobsleigh est un sport que j'ai découvert récemment, mais j'adore vraiment cela. Nous avons une belle tradition au Canada et les gars ont amorcé la saison en force. Même si je vise la place de certains, je ne souhaite que du succès à mes coéquipiers.»

Giguère risque en effet de voir les autres «freineurs» de l'équipe accumuler les bonnes performances pendant que lui devra patienter jusqu'à la fin de l'année pour disputer une épreuve de Coupe du monde. Nathan Cicoria, le directeur haute performance de Bobsleigh Canada, assure toutefois qu'il a encore toutes ses chances.

«Samuel a fait ses preuves la saison dernière et c'est un athlète sur lequel nous comptons pour l'avenir, a insisté Cicoria. Cela n'aurait pas été très sage de l'envoyer directement en Coupe du monde après sa saison de football. Il devra récupérer physiquement et travailler sa technique afin d'être fin prêt lorsque nous ferons appel à lui plus tard cette saison.»

Le Canada a de bonnes chances de présenter trois équipages à Sotchi et pourra aussi désigner deux réservistes. Ce serait étonnant que Giguère ne soit pas du groupe. «Je préfère ne pas trop y penser, souligne Samuel. La décision ne m'appartient pas, et je ne peux que m'entraîner au maximum.

«Chaque jour, je me rends à la Maison des glaces, où nous pouvons pratiquer nos poussées et nos départs sur une piste glacée. Et je travaille beaucoup en gymnase pour améliorer ma puissance maximale et mon "explosion".

«Mais j'ai vraiment hâte de retrouver les gars en Europe pour vivre à nouveau l'excitation d'une épreuve de Coupe du monde!»

Brisebois en réserve

La Québécoise Marquise Brisebois fait également partie de l'équipe nationale et elle est à Park City cette semaine en Coupe du monde, à titre de réserviste. Elle a ainsi pris part à deux descentes d'entraînement avec la conductrice Jennifer Ciochetti, avant de céder sa place à Chelsea Valois pour la compétition.

Les chances de voir l'athlète de 30 ans réaliser son rêve olympique sont toutefois limitées. Elle n'est actuellement que quatrième freineuse dans la hiérarchie, et le retour prochain de l'Albertaine Kate O'Brien pourrait l'écarter de l'équipe.

Celle qui est en congé du Service de police de la Ville de Montréal veut toutefois encore croire en ses chances. «Je suis toujours convaincue que je peux y arriver et je ne lâcherai pas, assure-t-elle sur son blogue. C'est donc ce que je compte faire: travailler fort, rester en santé, saisir ma chance quand elle se présentera.»

Au contraire de Giguère, Brisebois risque malheureusement de ne plus avoir d'opportunité de gagner sa place pour Sotchi. «Il faudrait vraiment un concours de circonstances exceptionnel pour que Marquise revienne dans le portrait pour la sélection olympique», a estimé Nathan Cicoria.

Photo archives La Tribune

Samuel Giguère travaille beaucoup en gymnase pour améliorer sa puissance afin d'être prêt pour la prochaine saison de bobsleigh.

Une «grosse» équipe à Sotchi?

Le Canada pourrait miser sur une très grosse délégation en bobsleigh à Sotchi. En plus des deux équipages féminins en bob à deux, on pourrait avoir trois équipages masculins tant en bob à deux qu'en bob à quatre. Seulement trois nations auront droit à ce troisième équipage dans les deux disciplines masculines, et la sélection dépendra entièrement des résultats obtenus par les troisièmes équipages de chaque pays. Le pilote canadien Justin Kripps a bien entrepris la saison avec une 9e (bob à quatre) et une 13e place (bob à deux) à Calgary.

Trois vedettes à découvrir

Après les précurseurs Vic Emery, Chris Lori et surtout Pierre Lueders, le Canada mise aujourd'hui sur l'une des plus puissantes équipes nationales de bobsleigh. Kaillie Humphries et Lyndon Rush sont au sommet de la hiérarchie mondiale en bob à deux, et plusieurs conducteurs obtiennent d'excellents résultats en Coupe du monde. À quelques semaines des Jeux de Sotchi, l'objectif est d'au moins égaler la récolte de deux médailles des Jeuxde Vancouver, en 2010.

Kaillie Humphries

C'est LA vedette de l'équipe canadienne avec sa personnalité très forte, son style original - elle est tatouée de la tête aux pieds -, mais aussi un côté plus tendre qu'elle montre quand elle visite des écoliers ou de jeunes patients dans les hôpitaux. Pratiquement invaincue depuis deux saisons en Coupe du monde, elle retrouve cette saison la freineuse Heather Moyse - avec laquelle elle avait remporté l'or à Vancouver -, qui avait fait une pause du bobsleigh. Elles seront les favorites à Sotchi.

Lyndon Rush

Un ancien joueur de football, le vétéran de 32 ans a lentement gravi les échelons avant d'éclater durant la saison 2009-2010, juste à temps pour les Jeux de Vancouver où il est devenu le premier Canadien à mener un bob à quatre au podium depuis Vic Emery en 1964 à Innsbruck. Champion de la Coupe du monde de bob à deux la saison dernière, il a perdu son freineur Jesse Lumsden et a un peu déçu en lever de rideau de la saison, la semaine dernière à Calgary. Mais qui sait ce qu'il nous réserve.

Chris Spring

C'est la vedette montante, et la direction de l'équipe canadienne n'a pas hésité à lui adjoindre l'excellent freineur Jesse Lumsden cette saison. Troisième à Calgary, son deuxième podium en carrière, cet athlète de 28 ans, originaire de l'Australie, aurait sans doute percé plus tôt, n'eût été un terrible accident à Altenberg, en Allemagne, en janvier 2012. De retour en pleine forme, bien entouré, il pourrait causer la surprise à Sotchi.

Photo Arnd Wiegmann, Reuters

Kaillie Humphries

N'oublions pas le skeleton

Techniquement, le skeleton relève de la même structure que le bobsleigh; la fédération canadienne s'appelle officiellement: Bobsleigh Canada Skeleton et les compétitions internationales se déroulent habituellement simultanément sur les mêmes sites.

Les Canadiens ont souvent brillé dans ce sport de «kamikazes», le barbu Jon Montgomery remportant l'or aux Jeux de Vancouver.

«Nous avons encore une très forte équipe, probablement la meilleure de notre histoire, a estimé Nathan Cicoria, directeur haute performance à Bobsleigh Canada Skeleton. La relégation de Montgomery et de Melissa Hollingsworth (médaillée olympique en 2006 et plusieurs fois championne en Coupe du monde) en Coupe intercontinentale le prouve bien.

«Nous avons beaucoup de profondeur. Eric Neilson (4e), Dan Greszczyszyn (6e) et John Fairbairn (9e) ont tous fait le top 10 à Calgary, tout comme Sarah Reid (6e), Robynne Thompson (8e) et Cassie Hawrysh (10e) chez les femmes.»

C'est aussi l'ensemble de la discipline qui a progressé depuis quatre ans. «Davantage d'athlètes pratiquent le skeleton et le niveau des autres équipes est beaucoup plus fort qu'auparavant, a expliqué Cicoria. Il faut donc vraiment être au sommet de sa forme pour réussir et cela explique un peu pourquoi nous avons envoyé Jon et Melissa en Europe...»

Les deux médaillés olympiques ont toutefois encore leur chance de gagner leur place pour Sotchi. «En fait, Melissa n'a besoin que d'une seule autre bonne performance pour assurer sa sélection, a noté Cicoria. Je sais qu'elle n'était pas très heureuse de notre décision, mais cela devrait l'aider à se surpasser. Ce sera plus compliqué pour Montgomery, car les autres athlètes semblent partis pour connaître une excellente saison.»

Le processus de sélection prendra fin à la mi-janvier.

Photo Mark Rolston, archives AFP

Le Canadien Jon Montgomery lors des Jeux olympiques de Vancouver, en 2010.