Les piètres résultats de la lutte antidopage s'expliquent par le manque de volonté générale pour entreprendre les efforts et dépenses nécessaires et non par une molécule d'avance des tricheurs sur les contrôleurs, selon un rapport de l'AMA.

L'Agence mondiale antidopage avait mandaté l'an dernier une commission présidée par son ancien patron Dick Pound afin d'établir pourquoi les programmes de contrôle semblent si inefficaces à attraper les athlètes qui se dopent.

À l'image de son président, peu adepte de la langue de bois, le rapport de la commission remis dimanche au conseil de fondation de l'AMA est sans complaisance.

Des fédérations sportives internationales, qui ne sont pas incitées à attraper ceux qui trichent, aux agences nationales antidopage, pas forcément indépendantes, en passant par l'AMA elle-même qui irrite plus qu'elle ne rassemble, tous les acteurs en prennent pour leur grade.

Leur constat est simple: les contrôles ont beau avoir été multipliés, passant de 150 000 par an avant la création de l'AMA à environ 250 000 actuellement, le pourcentage de cas positifs n'a pas bougé.

En excluant les cas de marijuana, de médicaments reliés à l'asthme et les glucocorticoïdes, c'est même moins d'1% des contrôles qui donne lieu à un résultat anormal, estime le rapport, qui note: «Il n'y a pas eu d'amélioration statistique depuis environ 1985».

Pression des gouvernements

Pour les auteurs, «la raison première du manque de succès apparent des programmes de contrôles n'a pas à voir avec la science». Bien qu'il puisse y avoir des substances et méthodes qui échappent à la connaissance de la communauté antidopage, selon eux «la science disponible aujourd'hui est robuste et fiable».

«Les vrais problèmes sont liés à des facteurs humains et politiques: il n'y a pas d'appétit général pour entreprendre l'effort et faire la dépense nécessaire à un effort fructueux pour arriver à un sport sans dopage», souligne le rapport.

Selon l'AMA, les fédérations sportives, à part celles en crise, ne considèrent pas la lutte antidopage comme une de leurs activités principales et rechignent à payer la facture d'un programme efficace.

Que les agences nationales ne sont pas à l'abri de pression des gouvernements pour garder secret les cas de leurs champions, et manquent souvent de personnel compétent.

Que la méfiance perdure entre fédérations et agences nationales qui ne travaillent pas plus ensemble qu'avant.

Que le manque d'implication politique se fait sentir au niveau des gouvernements, toujours prêts à réclamer une augmentation des activités de l'AMA, sans vouloir fournir les ressources adéquates.

Que les athlètes qui se dopent préfèrent aller s'entraîner dans des pays sous-développés en matière d'antidopage et que, globalement, les contrôles sont trop prévisibles.

Que les laboratoires antidopage accrédités par l'AMA n'ont pas tous le même niveau de compétences et qu'il est plus simple pour eux de déclarer des cas négatifs afin d'éviter d'avoir à défendre leurs analyses devant un tribunal.

Sanctions

À partir de ce tableau, les auteurs du rapport dressent tout un ensemble de recommandations, dont la première est que l'AMA demeure «une autorité internationale et indépendante de régulation» et non devienne un prestataire de service.

«Le Code doit faire office de loi et tout le monde doit se conformer à cette loi», a souligné Dick Pound devant le conseil de fondation.

Aussi, selon la commission, l'Agence devrait avoir le droit de juger, à tout moment, qu'une partie signataire du Code ne respecte pas le Code mondial antidopage et pouvoir prendre contre elle des sanctions.

Par ailleurs, le rapport demande de privilégier la qualité à la quantité des contrôles pour évaluer si une instance antidopage est en conformité ou non avec le Code mondial antidopage.

Les conclusions de ce rapport pourraient inspirer des modifications dans le Code, qui est en train d'être révisé. La prochaine version sera soumise à approbation lors de la Conférence sur le dopage dans le sport à Johannesburg mi-novembre.