Jimmy Gariépy, un entraîneur québécois issu du monde du culturisme, a été suspendu cinq ans pour trafic et administration d'une substance interdite à une jeune athlète de taekwondo, a annoncé hier le Centre canadien pour l'éthique dans le sport.

L'histoire remonte à janvier 2011. En prévision des championnats canadiens, l'athlète alors âgée de 16 ans craignait de ne pas faire le poids de sa catégorie. Elle a alors demandé à M. Gariépy, qui la conseillait dans sa préparation physique depuis quelques mois, s'il connaissait un produit en vente qui pourrait l'aider à maintenir son poids, en précisant qu'elle ne voulait pas que ce soit un produit dopant.

Ce dernier lui a remis un demi-comprimé orange non emballé. À quelques jours de la compétition, la jeune femme a avalé la pilule sans se méfier. Après avoir remporté le championnat canadien junior de sa catégorie, elle a subi un contrôle antidopage positif à des diurétiques interdits (triamtérène et hydrochlorothiazide).

Elle a perdu son titre et a été suspendue deux ans. «Le Tribunal reconnaît qu'(elle) est une jeune athlète candide, qui a sûrement un avenir très prometteur dans son sport», a écrit l'arbitre Patrice Brunet dans cette affaire devant le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC). «Elle semble bénéficier d'un bon encadrement familial, et a fait preuve d'une grande naïveté en consommant un produit interdit pour demeurer dans sa catégorie de poids», a-t-il ajouté.

Facteur aggravant

Dans un témoignage sous serment, M. Gariépy avait admis les faits le concernant. Devant le CRDSC, ce dernier n'a jamais daigné donner sa version malgré des avertissements répétés. L'arbitre François Tremblay a jugé que la preuve présentée par le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) était suffisante pour démontrer que M. Gariépy avait violé des articles du Programme antidopage canadien concernant le trafic et l'administration de substances interdites.

La sentence minimale pour de telles violations est de quatre ans. Le fait que l'histoire impliquait une athlète mineure a été considéré comme un facteur aggravant, d'où la sanction de cinq ans. «Gariépy a fait preuve d'une grande négligence dans sa conduite envers la jeune athlète de 16 ans, a écrit l'arbitre Tremblay. La décision rendue dans le présent dossier doit avoir un effet dénonciateur et dissuasif. Une sanction minimale ne saurait répondre à ces objectifs.»

M. Gariépy n'est pas le premier entraîneur suspendu par le CCES. André Aubut a été banni à vie pour avoir administré de l'EPO à la cycliste Geneviève Jeanson. Valerio Moscariello, un autre préparateur physique issu du milieu du culturisme, a été suspendu pour avoir injecté des stéroïdes à une boxeuse amateur. Il a confondu une seringue contenant des vitamines avec une autre remplie de nandrolone, dont il faisait un usage personnel.

M. Gariépy n'a pas pu être joint hier. Il travaille dans un gymnase de conditionnement physique de Rawdon, dans Lanaudière, et il ne semble pas avoir d'autres liens avec le sport amateur.

Durant sa sentence, il ne pourra jouer aucun rôle dans les sports soumis au Programme canadien antidopage. Le CCES reconnaît la difficulté de faire appliquer de telles sanctions concernant les entraîneurs et les préparateurs. «Ç'a été un défi, a indiqué le président-directeur général Paul Mélia. Dans une certaine mesure, on se fie aux organisations de sport elles-mêmes pour s'assurer qu'elles respectent et mettent en application ces sanctions. La vigilance du public est aussi importante.»