Été 2010. Les yeux du monde entier sont tournés vers l'Afrique du Sud. Le pays accueille la première Coupe du monde en sol africain et la planète attend un exploit local.

Mais le pays hôte ne fait pas long feu. Des six pays africains qualifiés, un seul survit à la phase de groupes. Puis, après avoir fait rêver le continent, le Ghana perd contre l'Uruguay un cruel quart de finale.

Sans la main de Luis Suarez - «si c'était à refaire, je le referais», dira-t-il plus tard -, le Ghana serait devenu le premier pays africain de l'histoire à atteindre la demi-finale du tournoi. Pas de chance. Les équipes africaines ont fait leurs valises et sont rentrées chez elles soigner leurs plaies.

Près de deux ans plus tard, un autre tournoi commence. Le continent peut de nouveau rêver. La Coupe d'Afrique des nations (CAN) s'amorce aujourd'hui au Gabon et en Guinée équatoriale; c'est l'occasion pour le soccer africain de faire le point après la douche froide sud-africaine.

Mais avant de trouver un pays capable de faire rayonner l'Afrique au Mondial brésilien de 2014, les qualifications de la CAN ont donné lieu à bien des déceptions. Exit l'Égypte, vainqueur des trois dernières Coupes et pays le plus titré (7 sacres). Exit le Cameroun d'Eto'o, finaliste en 2008. Exit le Nigeria, éternel troisième qui a loupé ses qualifs.

«L'élimination de l'Égypte m'a surpris parce qu'il s'agit de l'une des sélections les plus équilibrées en Afrique, explique au bout du fil l'ancien entraîneur de l'Impact et passionné de soccer africain Marc Dos Santos. L'Égypte a une ligue très organisée, peut-être l'une des meilleures du continent. L'échec du Nigeria m'a aussi surpris.»

Dos Santos, qui encadre désormais le club de deuxième division brésilienne FC Primeira Camisa, attribue le faux pas égyptien à l'effet de cycle. Une génération de joueurs a passé. «Ça va prendre quelques années pour revenir», croit-il.

Puis finalement, exit l'Afrique du Sud, qui boucle la boucle de sa déconfiture de la plus absurde des manières: après un nul contre le Sierra Leone, les Bafana Bafana célèbrent, convaincus de leur qualification. Mais ils n'avaient pas bien lu les règlements de la compétition. Le Niger se qualifie à leur place. Pénible dénouement.

La Côte d'Ivoire y croit

Les 16 pays qualifiés ont donc le champ libre, même si deux favoris se dégagent: le Ghana et la Côte d'Ivoire.

Le premier voudra certainement terminer ce qu'il a entamé à la Coupe du monde. Le finaliste malheureux de la dernière CAN est cependant miné par les blessures. Atteint au genou, Michael Essien n'a pas été retenu. L'attaquant Asamoah Gyan fait partie de l'effectif mais est un cas douteux.

«Dans un événement comme ça, qui dure quelque semaines, la question est de savoir quelle équipe sera en santé, remarque Dos Santos. Dans un championnat, on a des mois pour se rattraper. Là, il faut que les meilleurs joueurs soient à leur meilleur niveau dans l'instant.»

Le grand favori de Dos Santos est sans conteste la Côte d'Ivoire. «Si j'avais de l'argent à mettre sur un gagnant, je le mettrais sur ce pays», dit-il.

La sélection ivoirienne a remporté la CAN une dernière fois il y a 20 ans. Elle a aujourd'hui un effectif qui impressionne par sa qualité, mais aussi par sa maturité. Didier Drogba, 33 ans, Kolo Touré, 30 ans et Yaya Touré, 28 ans, ont l'expérience des grands rendez-vous. Salomon Kalou, 26 ans, et Gervinho, 24 ans, promettent une certaine continuité.

«On s'est tous dit que c'était le moment ou jamais. On a les moyens de gagner, a juré Gervinho sur les ondes de la radio française RMC. Il y a toujours eu de la motivation dans ce groupe, mais je sens que cette année, c'est encore plus fort. Tous les Ivoiriens ont besoin de ce trophée.»

Et les Africains ont besoin d'une équipe capable de les faire rêver. À deux ans du rendez-vous brésilien, le continent veut y croire. Encore une fois.

Malheureusement pour les amateurs de soccer, la Coupe d'Afrique des nations n'est pas télédiffusée au Canada. Il est toutefois possible de suivre le tournoi au Québec au-delà des streams plus ou moins légaux. Plusieurs bars et cafés montréalais vont diffuser des matchs, ainsi que la Maison de l'Afrique, dans La Petite-Patrie (maison2 Lafrique.com). Pour s'en tenir informés, le site de TV5 Monde offre une page dédiée à la compétition avec les résultats et l'horaire des matchs.