Deuxième d'une famille de trois skieurs, Mikaël Kingsbury a été emmené sur les pentes dès l'âge de 4 ans. Et il a entrepris le ski acrobatique à 8 ans!

«En fait, j'ai commencé avant mon frère aîné, Maxime, explique le jeune homme de 19 ans. Il s'y est mis à son tour et, au début, comme il était plus grand, il est arrivé en équipe du Québec avant moi. Ça m'a un peu piqué... Un jour, il a raté sa qualification dans une épreuve alors que moi j'ai eu un bon résultat. Il ne m'a plus jamais battu!»

En fait, peu de skieurs ont réussi à battre Mikaël depuis qu'il a accédé à l'équipe nationale. Depuis l'automne 2011, il a obtenu 13 podiums en 16 épreuves en Coupe du monde ou aux Championnats du monde. Cette saison, il a remporté les deux premières épreuves de la Coupe du monde, en Finlande et en France, ne laissant aucun doute sur ses ambitions.

«C'est très bien parti et je ne veux pas que ça s'arrête, a lancé Mikaël, plus tôt cette semaine, en entrevue. Je m'étais vraiment bien préparé cet été, au plan physique en particulier, et j'étais prêt à connaître une grosse saison.»

Favori des pronostics en raison des forfaits des deux premiers de la dernière Coupe du monde, le Français Guilbaut Colas et Alexandre Bilodeau, Kingsbury ne s'est pas laissé écraser par la pression. «Je n'avais jamais porté le maillot jaune du meneur en Coupe du monde et j'étais vraiment content de l'avoir à Méribel. Maintenant, tout le monde s'attend à ce que je le garde...»

Le directeur de l'Association canadienne, Peter Judge, ne cache pas son admiration pour son jeune champion. «Il est passé directement du statut d'espoir à celui de favori, a-t-il expliqué en entrevue. Mikaël est ce genre d'athlète qu'on ne croise habituellement qu'une fois dans sa vie. Nous sommes incroyablement choyés au Canada, au Québec en particulier, d'avoir pu développer successivement trois champions de la trempe de Jean-Luc (Brassard), d'Alexandre (Bilodeau) et maintenant de Mikaël.»

Judge estime que Kingsbury a tous les atouts pour briller encore longtemps. «Il est déjà incroyablement mature pour ses 19 ans, insiste-t-il. Mais il garde aussi cette audace, cette flamme dans les yeux qui lui permettent de rester à la pointe de la compétition. Physiquement, il est un peu la somme de tous les grands champions qui l'ont précédé et ses qualités techniques sont exceptionnelles.»

Reconnu notamment pour la qualité de ses sauts, Kingsbury a aussi démontré depuis deux saisons une grande faculté d'adaptation à toutes les conditions de piste et de météo. «Sur mes skis, dit-il, je suis capable de me concentrer uniquement sur ce que j'ai à faire et d'oublier complètement tout ce qui m'entoure. Il n'y a que moi et la piste devant.»

Bien entouré par l'équipe canadienne, mais aussi par une famille qui l'encourage depuis son enfance, Mikaël est bien conscient des risques de son sport et accorde un soin particulier à sa préparation physique.

«Mon père est chiropraticien et je pense bien connaître mes limites, explique-t-il. J'ai eu la chance d'éviter les blessures graves jusqu'ici, mais je prends bien garde de ne jamais skier avec des petits bobos qui pourraient s'aggraver.»

Kingsbury devra toutefois composer ce week-end avec un... gros orteil un peu douloureux. «Je me suis cogné le pied au fond de ma botte, l'autre jour à l'entraînement, et une bulle de sang s'est formée au bout de mon gros orteil. Nos soigneurs s'en sont occupés, mais ça reste un peu sensible. Ça ne devrait toutefois pas me déranger.»

Mikaël Kingsbury sera donc le favori, aujourd'hui au mont Gabriel, pour remporter la compétition de bosses en duel. «C'est sûr que je veux gagner. Je connais la piste - c'est là que j'ai commencé à skier - et même si elle n'est pas très difficile, je pense pouvoir faire la différence.»