C'était un partenariat aux débuts hésitants, mais qui est devenu beaucoup plus que de simplement jumeler un cavalier à une monture.

Le champion olympique Éric Lamaze mentionne que Hickstead a transformé sa vie et a défini sa carrière. Et lorsque sont arrivés ses derniers instants, dimanche, le cheval a eu comme dernier geste de s'assurer de la sécurité de son cavalier.

Lamaze a rencontré les médias, mercredi, peinant à contenir ses émotions en relatant le décès soudain de Hickstead, qui a rendu l'âme après une rupture aortique.

«Ce que ces chevaux-là font pour nous, c'est incroyable, a dit Lamaze. Ils en viennent à faire partie de la famille, ils changent vraiment notre vie. C'est un sport qu'on choisit parce qu'on l'aime, mais aussi parce qu'on aime l'animal.»

L'étalon de 15 ans s'est effondré avec Lamaze sur son dos puis est décédé, dimanche, lors d'un événement à Vérone. En conférende de presse, mercredi, Lamaze a dit qu'il croit que les dernières pensées de Hickstead ont été pour lui.

«Il s'est assuré que je sois O.K. et d'une certaine façon, il est juste tombé à côté de moi, a dit Lamaze. Il s'est effondré d'une façon qui ne risquait pas de me blesser.»

Le décès a eu un impact dévastateur sur la vedette canadienne des sports équestres, qui a dit que de perdre un cheval «n'est pas comme briser un bâton de hockey ou une raquette de tennis.»

Lamaze considère la possibilité de se retirer, mais l'Ontarien de 43 ans veut se donner le temps de vivre son deuil, avant de prendre une décision quant à son avenir.

«Je me trouve devant deux choix... je peux dire que c'est fini, ou je peux continuer de me battre et tenter de prolonger un peu ma carrière, a dit Lamaze, un Montréalais d'origine. J'ai déjà connu beaucoup de victoires qui devraient me satisfaire dans ma carrière. Nous allons décider d'ici quelques jours ou une semaine quelle direction je vais prendre. Je pense avoir accompli tout ce que je voulais accomplir, mais je ne suis pas encore prêt à quitter. Nous allons voir.»

Lamaze aimerait prendre part à une Olympiade de plus, ce qui aiderait grandement le Canada. Mais le cavalier médaillé d'or et d'argent à Pékin en 2008, avec un Hickstead jadis malcommode, admet qu'il n'a pas de cheval du calibre nécessaire pour un beau résultat à Londres. Il pourrait acheter un autre cheval, mais il n'aurait que jusqu'au 31 décembre pour répondre aux exigences de citoyenneté.

Hickstead a signé des victoires rapportant 3,7 millions $ au total, et il devait amener encore beaucoup plus d'argent à ses propriétaires, dont Lamaze, en tant qu'étalon. Hickstead a engendré une centaine de poulains et pouliches, et il reste environ 50 doses de sa semence en Europe.

Lamaze a qualifié la mort de Hickstead comme inopinée et imprévisible, disant que le cheval était examiné par un vétérinaire deux à trois fois par semaine, et qu'il était dans une forme physique optimale. Il n'était pas considéré vieux pour un cheval de compétition - Big Ben, la célèbre monture d'Ian Millar, a tiré sa révérence à 18 ans.

Lamaze comptait faire équipe avec Hickstead à Londres, et peut-être pour une saison de plus par la suite. Il a mentionné qu'il ne prédisait pas de médaille d'or quand la paire s'est formée, en 2004. C'était alors un cheval peu reposant, a dit Lamaze.

«Il y a eu plusieurs fois où je me suis dit que ça n'allait jamais fonctionner», a confié Lamaze.

Le duo de laissés pour compte (Lamaze car son parcours était loin de la norme, en sports équestres, et Hickstead en raison de sa petite taille et de son fort caractère), a néammoins grandi jusqu'à devenir une combinaison parfois imbattable.

La saison dernière, ils ont remporté l'International CN pour la deuxième fois de leur carrière, à Calgary. Ils étaient de grands espoirs de médaille pour le Canada aux Jeux de Londres.

Lamaze a grandi sans père et avec une mère ayant des problèmes de drogue, qui l'ont menée plus d'une fois en prison. Il a été élevé en bonne partie par sa grand-mère et a quitté l'école tôt. Il a découvert sa passion en travaillant dans les écuries, et a donné crédit au sport équestre pour avoir changé sa vie. La médaille d'or aux Jeux de Pékin a agi comme rédempteur pour Lamaze, qui avait raté les Jeux de 1996 et 2000 après qu'un test ait révélé qu'il avait pris de la cocaïne.