Le cheval Hickstead, avec qui Éric Lamaze a remporté l'or du saut d'obstacles aux Olympiques de Beijing, serait mort d'une crise cardiaque ou à la suite de la rupture d'un vaisseau sanguin, selon le Dr Yves Rossier, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal.

Hickstead, un Warmblood hollandais de 15 ans, s'est effondré sous Lamaze après le parcours du couple, dimanche, au Grand Prix de Vérone; à l'arrivée des vétérinaires quelques secondes plus tard, l'étalon était mort.

«Le cheval est doté d'une capacité aérobique extraordinaire», nous expliquera le Dr Rossier, spécialiste de la médecine sportive équine et membre du Comité vétérinaire de la Fédération équestre internationale (FEI). «Le coeur d'un cheval de sport peut pomper jusqu'à 300 litres de sang à la minute; ce rythme porte la pression à de très hauts niveaux. Le cheval a aussi la capacité, au cours d'efforts extrêmes, de doubler sa concentration de globules rouges, ce qui rend le sang plus visqueux, augmentant d'autant l'effort cardiaque.»

Le Dr Rossier, par ailleurs, a vite fait d'écarter la possibilité de dopage. «Les normes de la FEI sont encore plus sévères que celles de l'Agence mondiale antidopage pour les athlètes humains. À la FEI, un cheval ne peut être pris avec l'équivalent d'une Tylenol. C'est tolérance zéro. Et alors que les humains sont testés après les compétitions, les chevaux sont aussi examinés avant pour s'assurer qu'ils ne sont pas dopés, blessés ou malades.»

Yves Rossier était à Calgary en juillet quand Hickstead et Lamaze ont remporté - pour une deuxième fois, du jamais vu - le riche Grand Prix de Spruce Meadows. Mais Lamaze visait une autre première, plus prestigieuse encore: un doublé olympique. Ce rêve s'est effondré dimanche sur la piste de Vérone, comme peut-être aussi les espoirs canadiens. Le Canada s'est déjà qualifié pour Londres, grâce à sa cinquième place aux Jeux équestres mondiaux de 2010 au Kentucky, mais la perspective est glauque... «Un cheval comme Hickstead, t'en as un dans ta vie», nous dira pour sa part Roger Deslauriers, le président de l'International Bromont. «Ian Millar a eu Big Ben, Mario (Deslauriers, son fils) a eu Aramis, mais Hickstead était le meilleur au monde depuis deux ans. Éric a d'autres bons chevaux, mais aucun de ce niveau...»

Lamaze, qui était copropriétaire de Hickstead avec une écurie floridienne, a probablement les moyens d'acheter un autre cheval de calibre international. Combien vaut un cheval qui peut vous faire gagner 3 millions et dont la semence se vend 5500$ la «dose»? Très cher, mais une autre question se pose: «Il faut d'abord que le cheval soit à vendre. Et à moins d'un an des Jeux, il n'y a pas beaucoup de chevaux de cette qualité sur le marché.» Et la FEI exige qu'un cheval inscrit aux Olympiques soit la propriété du pays participant avant le 1er janvier...

Il reste sept semaines avant cette échéance et huit mois avant les Jeux, un délai bien court pour établir cette confiance qui est à la base de la relation très spéciale entre le cheval de sport et son cavalier qui lui demande de sauter des murs de brique de six pieds de haut.