Paul Tingley avait 24 ans lorsqu'il a subi un grave accident de ski et une lésion de la colonne vertébrale. Les médecins ont stabilisé son dos avec des pièces de métal, mais il était devenu paraplégique.

«Je me suis vite rendu compte que ma vie ne serait plus jamais la même, a raconté Tingley, la semaine dernière en entrevue. D'abord très déprimé, j'ai pris conscience au cours de ma réhabilitation que je pouvais me débrouiller seul. J'ai rapidement eu envie d'une vie plus active.»

C'est un thérapeute qui lui a suggéré la voile, qu'il avait pratiquée dans sa jeunesse à Halifax. «Un essai et j'étais tout de suite accroché», a avoué le Champion paralympique des Jeux de Pékin.

C'est que Paul est vraiment doué pour la voile. Double médaillé paralympique, champion du monde (2010), il est à 41 ans l'un des skippers canadiens les mieux cotés et sera encore l'un des favoris à Londres l'été prochain.

Tout cela a pourtant failli déraper, il y a quelques mois, lorsqu'une chute a réveillé des douleurs très vives dans le dos de Tingley. Les spécialistes consultés dans les Maritimes n'avaient aucune solution à lui proposer et il se voyait mal continuer à pratiquer le sport de haut niveau dans ces conditions.

Anges gardiens de Montréal

Septième des récents mondiaux de 2.4mR (la classe solo aux paralympiques), en Norvège au milieu de skippers des pays scandinaves, Tingley était surtout déçu de ne pas avoir défendu son titre mondial...

C'est alors que sont intervenus Dominick Gauthier et l'équipe de B2Ten. Passionné par les sports nautiques, lui aussi, l'ancien entraîneur de Jennifer Heil et Alexandre Bilodeau et ses partenaires ont été impressionnés par l'enthousiasme et le courage de Tingley et l'ont aidé à rencontrer le Dr Jean Ouellet à l'Hôpital général de Montréal. L'athlète a ainsi pu être opéré il y a quelques jours.

«Essentiellement, on m'a expliqué que la 'quincaillerie' qui traînait dans mon dos n'était plus d'aucune utilité et qu'elle était même la cause de mes douleurs. On m'a donc opéré pour tout enlever et je devrais pouvoir reprendre mes activités normalement, sans douleur, après une période normale de réhabilitation.»

C'est grâce à son entraînement intensif que Tingley a pu développer les muscles de son torse qui lui permettent aujourd'hui de ne plus avoir besoin d'un support artificiel. Il entend reprendre sa préparation pour les Jeux de Londres très prochainement.

Objectif: médaille d'or

«En principe, je dois me rendre en Floride en janvier pour un camp d'entraînement de quatre mois, a-t-il expliqué. Comme nous ne sommes pas nombreux à pratiquer ce sport à un haut niveau au Canada, je vais m'entraîner avec des athlètes français et américain, Damien Seguin et John Ruf, ceux qui étaient avec moi sur le podium à Pékin.

«Nous allons pouvoir travailler ensemble, tester du nouveau matériel et nous pousser au maximum afin d'être fin prêts pour les Jeux. L'objectif est encore d'aller ensemble sur le podium et j'espère rafler à nouveau la médaille d'or.»

Médaillé de bronze à Sydney (2000) comme équipier sur un Sonar, Tingley a revécu l'expérience récemment pour aider un compétiteur canadien. «Nous sommes deux très bons skippers canadiens en 2.4mR (la classe paralympique en solo), Bruce Millar et moi, a raconté Paul. Mais il n'y a qu'une place par pays aux Jeux...

«Après avoir obtenu ma qualification en solo, en juin en Grande-Bretagne, j'ai proposé à Bruce de l'aider à qualifier un Sonar (trois places). Il était le skipper et moi, l'un des équipiers. Le talent des deux marins a permis au Canada d'obtenir une place aux Jeux de Londres, mais Millar devra trouver deux nouveaux équipiers.

Commanditaire recherché

«Les régates sont disputées simultanément et ce n'est pas possible de courir dans deux classes, a souligné Tingley.

«Mais il y a de bons équipiers au Canada et Bruce en a déjà identifié plusieurs qui participeront à un camp de sélection.»

Le Canada sera donc à nouveau bien représenté dans les compétitions paralympiques de voile, l'été prochain à Londres, et Paul Tingley sera à coup sûr l'un des meneurs de la délégation canadienne.

Positif, éloquent, éminemment sympathique, l'athlète ne serait-il pas aussi un remarquable représentant pour un commanditaire en manque de visibilité?